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Autour de

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Je vous propose de voir mes photos dans des reportages photos. Nature, Promenades, Fêtes, Expositions ....


André Masson, une mythologie de l’être et de la nature au musée d'art moderne de Céret

Publié par Lemenuisiart sur 25 Mai 2019, 06:00am

Catégories : #exposition, #peinture, #masson, #céret, #presse, #C'est grâce à vous

André Masson,
une mythologie de l’être et de la nature
Musée d’art moderne de Céret
Du 22 juin au 27 octobre 2019

 

« Je m’enfouis dans l’obscurité de la terre, voyant brûlant de jaillir à la lumière du jour »
Anatomie de mon univers
« Plonge ta tête dans la prairie d’été. Sous l’arche de l’herbe
Où crépitent les étoiles du chardon tu verras les mantes admirables
Qui se fiancent et se dévorent dans le même instant »
Verve, n°4, 15 novembre 1938

1. André Masson, Rue de Céret, 1919 Huile sur toile, 92 x 65 cm Musée d'art moderne de Céret Photo Robin Townsend © Adagp, Paris 2019

1. André Masson, Rue de Céret, 1919 Huile sur toile, 92 x 65 cm Musée d'art moderne de Céret Photo Robin Townsend © Adagp, Paris 2019

Le sentiment dionysiaque de la nature a accompagné André Masson tout au long de sa vie. Il ressent autant la nature inspiratrice par sa splendeur et sa diversité, qui lui procure un apaisement, que l’expression de sombres forces telluriques et le théâtre d’une cruauté qui entre en écho profond avec ses interrogations existentielles, sa révolte et l’ambiguïté qu’il ressent fortement de la destinée humaine, entre vie et destruction. Celui, à qui le médecin qui le soignait de ses blessures de la guerre dit : « N’habitez plus jamais les villes ! », mena une carrière artistique prodigieuse marquée par les lieux qu’il habita.
Blessé au Chemin des Dames pendant la Grande Guerre, c’est à Céret (1919-20), que Masson trouve un apaisement et un sujet pictural dans le paysage. La collection du musée d’art moderne étant elle-même riche de paysages de Céret et des environs, traités par les plus grands artistes des XXe et XXIe siècles, c’est le fil conducteur que nous avons choisi pour cette exposition thématique consacrée à André Masson. L’exposition s’organisera autour de cinq périodes/thèmes principaux, au cours desquels le lien de Masson avec son environnement naturel est prééminent pour son oeuvre : Personnalité rebelle et d’une grande sensibilité artistique dès l’enfance et l’adolescence, André Masson arrive à Céret en 1919, après avoir vécu dans sa chair et dans ses yeux l’horreur de la Première Guerre mondiale. Masson écrira à la fin de sa vie « De longs mois avant de revenir à moi. Ce moi avait été saccagé pour toujours ». C’est un homme brisé qui se reconstruit dans la petite ville dont la tradition picturale est en train de naître, après les séjours de Picasso et Braque dans les années 1911/1913. Il trouve autour de la « Mecque du cubisme » des paysages qu’il va peindre selon un cubisme cézannien témoin en quelque sorte de sa reconstruction mentale. Cette période cérétane d’André Masson (1919-20) est particulièrement cruciale pour l’artiste puisqu’il y rencontre
sa première épouse, Odette Cabalé. C’est également à Céret que Masson côtoie Chaïm Soutine, peintre de la fureur et figure dionysiaque par excellence. Masson à qui l’horreur de la guerre avait fait découvrir « l’humus humain », découvre chez Soutine un mode de vie, une posture sans retour d’un artiste très cultivé mais vivant comme un indigent et un vagabond. Ce peintre qui veut « vomir la peinture », qui va au fond de la matière et de la pâte pour chercher l’intuition et « la flamme », développe un style expressionniste violent, tordant les lignes des paysages ou les traits des visages, pour en faire les traces de véritables convulsions du sujet. Masson et Soutine peindront les mêmes paysages, parfois sous des angles très proches. Soutine eut-il par ailleurs une fonction de catalyseur pour Masson ? C’est ce que l’exposition voudra vérifier mais strictement du point de vue stylistique. La peinture que Masson envisage comme un rite dionysiaque ne manque pas de traits communs avec la violence picturale soutinienne.

2. André Masson, Le couvent des Capucins à Céret, 1919, Huile sur toile, 61 x 73 cm Musée d'art moderne de Céret Photo Robin Townsend © Adagp, Paris 2019

2. André Masson, Le couvent des Capucins à Céret, 1919, Huile sur toile, 61 x 73 cm Musée d'art moderne de Céret Photo Robin Townsend © Adagp, Paris 2019

Dessins automatiques, paysages convulsifs
Le sentiment de révolte d’André Masson est en adéquation avec le mouvement surréaliste naissant et des affinités le conduisent, malgré les brouilles, à une amitié profonde et durable avec André Breton. Même s’il demeure un rebelle du surréalisme, le sentiment dionysiaque l’emporte chez Masson sur tout esprit de doctrine et de groupe. Ses premiers « dessins spontanés » (dessins automatiques) remontent à l’hiver 1923. Il rencontre Breton quelques mois plus tard. Masson exprimera ses divergences avec Breton sur la méthode automatique, reprochant au chef de file du mouvement surréaliste de confondre art et expression pathologique. Il se refuse par ailleurs à faire de l’automatisme un nouvel académisme moderniste et déclare : « De toute évidence, je ne pouvais pas être surréaliste tous les jours. C’était un état de grâce. Bien sûr, j’aurais pu fabriquer de l’automatisme, mais je ne l’ai jamais accepté ». Pour André Masson, l’automatisme était l’expression de « la vivacité de l’invention » (Limbour), un instrument et non une fin en soi : « Au fond, je pensais, contrairement à Breton, que la valeur primordiale ne serait jamais l’automatisme, mais l’esprit dionysiaque ; l’automatisme peut très bien s’intégrer à l’esprit dionysiaque, qui correspond à une sorte d’état extatique et explosif permettant de sortir de soi, de donner libre cours à ses instincts et, par-là, mener à l’automatisme. Mais, pour moi, le sentiment dionysiaque est plus permanent que l’automatisme, car l’automatisme est absence du conscient. [Breton] aurait été plutôt apollinien d’une certaine manière. Les égarements que je pratiquais lui étaient absolument étrangers. » (André Masson, Vagabond du surréalisme, éd. Saint-Germain-des-Prés, 1975, p. 80.). Les dessins spontanés que Masson pratiquera une grande partie de sa vie (au moins jusqu’aux années 60) expriment avant tout les convulsions intérieures de son Être. La série des tableaux de sable réalisés à partir de la fin de l’année 1926 marquent une nouvelle étape dans l’automatisme chez Masson, avec l’introduction du geste et du facteur hasard dans le processus de création. Mais la rupture avec André Breton en 1928 marque l’abandon, provisoirement de l’automatisme et une réaffirmation de la primauté du mythe et de la pulsion dionysiaque. Masson suit ses amis les plus proches rencontrés Rue Blomet (Georges Limbour, Michel Leiris…) dans l’aventure de la revue Documents dirigée par Georges Bataille. Les souvenirs de la guerre font résurgence avec le thème des Massacres et des Enlèvements, se référant aux maitres anciens admirés comme Poussin.

3. André Masson, Les quatre éléments, 1923-1924 Huile sur toile, 73 x 60 cm Donation Louise et Michel Leiris, 1984, Centre Pompidou, Paris, Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle. Inv. : AM 1984-612 Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP © Adagp, Paris 2019

3. André Masson, Les quatre éléments, 1923-1924 Huile sur toile, 73 x 60 cm Donation Louise et Michel Leiris, 1984, Centre Pompidou, Paris, Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle. Inv. : AM 1984-612 Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP © Adagp, Paris 2019

Tossa de Mar, splendeur méditerranéenne et violence de l’Histoire
Après les évènements du 6 février 1934 à Paris, Masson part avec sa seconde épouse Rose Maklès, s’installer à Tossa de Mar, la « Babel des arts », où se retrouvèrent de nombreux artistes, certains fuyant le nazisme, d’autres venus là pour trouver un des plus beaux paysages naturels, encore vierge. Il exécute une série de dessins sur les concrétions géologiques de Montserrat, aux formes anthropomorphiques et lieu de dévotions mystiques depuis le XIXe. Surpris par la nuit dans ces lieux un jour de 1935, Masson et Rose durent dormir à la belle étoile dans les montagnes. Au cours de cette nuit-là, Masson dit avoir été frappé d’une vision qui sera déterminante pour sa représentation des éléments naturels comme métaphore de la violence du sentiment humain : « Le ciel lui-même m’apparut comme un abîme, quelque chose que je n’avais jamais ressenti auparavant
– le vertige au-dessus et le vertige au-dessous. Et je me retrouvai dans une sorte de maelstrom, une tempête, et en état d’hystérie. Je pensai que je devenais fou. “ (André Masson cité in David Lomas, The Haunted Self: Surrealism, Psychoanalysis, Subjectivity, New Haven and London 2000, p.42.)
Masson éprouve un véritable coup de foudre pour la rusticité et l’authenticité de la campagne et de la vie paysanne des années 30. Il réalise des tableaux de paysages dans lesquels le soleil et ses rayons de lumière, à la fois synonymes de vie et écrasants, forment une scène où la violence de la situation politique s’exprime par le biais de paradigmes naturels : la grande faucheuse au milieu des paysans, la mante religieuse entre amour et dévoration, la bataille des insectes, les moissons, les corridas, les massacres, la figure de l’Acéphale tenant une grenade à la main, aux prises avec des forces telluriques qui le dépassent. Masson resserre ses liens avec Georges Bataille qui le rejoint à deux reprises, pour préparer l’aventure commune de la revue L’Acéphale. Témoin des révoltes d’octobre 1934 qui préfigurent la guerre civile espagnole qui se profile, Masson marque ses sympathies pour la cause républicaine, s’accordant avec les réformes sur l’enseignement ou encore le projet de redistribution des terres aux paysans. Se sentant proche des miliciens anarchistes de Barcelone, il exécute un certain nombre d’affiches pour les Brigades internationales. Pour autant, Masson perçoit très tôt les enjeux européens de ce conflit et, constatant l’occasion manquée de cette révolution, il décide de quitter l’Espagne en 1936. Masson continue pour autant de manifester sa solidarité avec la cause républicaine en produisant des oeuvres comme Massacre des paysans espagnols en 1937. Il en vient à des paysages imaginaires et mythologiques comme celui du Labyrinthe (1938), dans lesquels il exprime le sens  tragique de l’Histoire au travers du mythe, mais où l’on retrouveégalement la violence soutinienne dans le trait et la matière.

4. André Masson, Les cerfs-volants, 1927 Huile, sable et tempera sur toile 97 x 108 cm Collection Jacques Bailly, Paris © Adagp, Paris 2019

4. André Masson, Les cerfs-volants, 1927 Huile, sable et tempera sur toile 97 x 108 cm Collection Jacques Bailly, Paris © Adagp, Paris 2019

La Martinique source de mythologie végétale
Le départ pour les Etats-Unis se fait avec une escale à la Martinique où André Masson, qui retrouve André Breton, Wilfredo Lam, Claude Lévi Strauss, est subjugué par la beauté de la nature et son exubérance. Ensemble avec Breton, ils découvrent le Gouffre d’Absalon, célèbre site naturel de Martinique. « … je dessinais d’après le motif, imaginant tout le temps une nouvelle mythologie végétale. ». Dialogue créole écrit avec Breton et publié en 42 à Buenos Aires, rend compte de cet éblouissement devant une nature généreuse et grandiose. Les réfugiés européens y voient là un paradis tropical ; les paysages volcaniques du Mont Pelé évoquent à Masson les théories d’Héraclite sur l’origine du Monde par le feu. Ses dessins rendent compte d’un enchevêtrement entre le végétal et l’humain et illustrent les métamorphoses et les interconnections, rappelant certains poèmes de Goethe. Masson va participer à la revue d’Aimé et Suzanne Césaire Tropiques, qui a la particularité d’inclure dans ses sommaires des essais sur le monde naturel dans ses aspects non seulement scientifiques, mais philosophiques voire philologiques (J.A Arnold parlait d’une « naturalisation du surréalisme » à propos de Tropiques). Le contact d’Aimé et Suzanne Césaire ne fait que renforcer la propension de Masson à peupler ces sites naturels de mythes à travers lesquels il exprime une vérité de la condition humaine et de sa face tragique : « Ile primitive » et magique en compagnie d’un « cannibale » écrira Breton dans l’ouvrage commun avec Masson : Martinique charmeuse de serpents (1948).

5. André Masson, Le faucheur, 1934 Huile sur toile, 92 x 73 cm DIE GALERIE, Frankfurt am Main © Adagp, Paris 2019

5. André Masson, Le faucheur, 1934 Huile sur toile, 92 x 73 cm DIE GALERIE, Frankfurt am Main © Adagp, Paris 2019

La nature américaine : interrogation métaphysique et possession
Après un bref passage à New-York, Masson s’installe dans le Connecticut où il trouve un cadre naturel grandiose et sauvage à New Preston, que Masson décrit comme le « pays sauvage de Chateaubriand ». Cette immersion quotidienne dans les processus dynamiques d’une nature vierge lui inspire une nouvelle série d’oeuvres abordant la nature comme un phénomène de flux sans fin. Après les paysages anthropomorphes qui marquaient les mythologies, il se représente lui-même dans ses oeuvres telluriques au centre de ces éléments et en analyse les aspects microcosmiques dans leurs perpétuelles métamorphoses. Masson pose les toiles à même le sol et peint sur des fonds noirs ou blancs avec des pinceaux pour la calligraphie, dans des couleurs brillantes : raison pour laquelle on reconnaîtra dans ces oeuvres les prémices de l’expressionnisme de Pollock et de Gorky. Les sources philosophiques : les écrits de Nietzsche, les écrits naturalistes de Goethe mais aussi les fragments philosophiques d’Héraclite, qui ont sous-tendu ces oeuvres passèrent inaperçues comme le fait remarquer Martica Sawin. L’imagination de Masson convoque avec chaque détail de cette nature l’espace mythique des indiens iroquois, confinés dans des réserves non loin de là. Il note, tel un naturaliste dans ses carnets, les formes indigènes de la vie animale et végétale. Malgré la proximité d’une colonie d’artistes (Calder, Richter, Gorky, Tanguy, Iolas, …), le relatif isolement de Masson l’implique encore plus dans un processus d’intériorisation rythmé par les caprices saisonniers d’une nature excessive. « Interrogation métaphysique, un thème que j’avais poursuivi avant mon séjour américain, se transformait par le sentiment de posséder vraiment la nature, quelque chose que je n’avais jamais expérimenté auparavant ». Sa peinture est noire et terrienne et peuplée de signes, en faisant une sorte d’écriture colorée.

6. André Masson, Les insectes matadors, 1936 Huile sur toile, 89 x 116 Würth Collection, Germany, Inv. 7912 Photo Peter Falk, Schwäbisch Hall © Adagp, Paris 2019

6. André Masson, Les insectes matadors, 1936 Huile sur toile, 89 x 116 Würth Collection, Germany, Inv. 7912 Photo Peter Falk, Schwäbisch Hall © Adagp, Paris 2019

Le retour en Europe : devant les paysages de Cézanne, le surgissement de la tradition picturale chinoise
La fin du second conflit mondial comme un massacre à l’échelle planétaire inspire à Masson en 1947 : Niobé, figure symbolisant le deuil des mères. De retour en Europe, Masson s’installe au Tholonet à partir de 1947. Le site naturel le fait cohabiter avec le fantôme du maître tant admiré, Cézanne. Pour autant, des sensations plus fortes devant les petits matins d’une vallée de l’Arc envahie par les brumes, et que les tableaux de Cézanne ne lui laissaient pas deviner, le bouleversent et le raccrochent à sa fascination pour la peinture chinoise. Masson s’inscrit à contre-courant de son époque dominée par l’abstraction : sa peinture visait « la transcription d’un ébranlement ou bien d’une illumination … sa quête se voulait transgressive et passionnelle, proche des bouleversements de l’érotisme » (Alain Paire). Masson précise le fil d’Ariane qu’il
tisse entre les êtres et les éléments naturels : « il suffirait de dessiner par exemple, un corps de femme…. Pour qu’il soit aussi le ciel, la terre… Il aurait la fraîcheur de l’eau, la chaleur secrète du fruit mûr. Il commencerait torrent, deviendrait flamme et s’achèverait dans le vent. » En 1958, Jean Grémillon tourne un court métrage André Masson et les quatre éléments, un exceptionnel morceau de vérité sur l’Être André Masson.

7. André Masson, Le Labyrinthe, 1938 Huile sur toile, 120 x 61 cm Don de Basil et Elisa Goulandris en 1982, Centre Pompidou, Paris, Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle. Inv. : AM 1982-46 Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP © Adagp, Paris 2019

7. André Masson, Le Labyrinthe, 1938 Huile sur toile, 120 x 61 cm Don de Basil et Elisa Goulandris en 1982, Centre Pompidou, Paris, Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle. Inv. : AM 1982-46 Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP © Adagp, Paris 2019

Le faucheur, 1934 (extraits)
Pendant l’été 34, Masson réalise une série de tableaux sur le thème de la nature et des travaux des champs : Moissonneurs, Ouvriers andalous, Grande moisson, Champs rouge, etc… Masson est passionné par un peuple espagnol « si fraternel, si près des choses authentiques » (Lettre à Kahnweiler du 10 oct 35 in Levaillant 1990, p. 284), et en particulier ce monde paysan aux gestes ancestraux, entièrement rythmé par le cycle des saisons. Il y perçoit l’unité mystique avec la nature qu’évoque Nietzsche et une authenticité perdue de l’être humain qu’il juge menacé par la civilisation technocratique : « […] l’homme doit disparaitre, où rien ne doit compter que la science et servie par […] des abrutis par la mécanique, la statistique, l’économique, la dialectique et enfin de compte le ‘cadavérique’ » ( Lettre du 23 octobre 34 à Michel Leiris, Levaillant 1990, p. 221). […] Le pays dans lequel Masson vient de s’installer est selon lui très propice au développement de sa peinture. « La couleur de mes tableaux est différente des derniers faits à Paris, quant à leur esprit j’espère qu’ils montrent un contact plus intime avec la nature (je n’ose pas écrire l’Univers) – donc un grand pas en avant » écrit Masson le 26 juillet 1934 à Kahnweiler (In Levaillant 1990, p. 209). […] La figure du faucheur occupe la majeure partie de ce tableau comme en déséquilibre, dans l’ébranlement de sa mise en mouvement. C’est un écorché dont on aperçoit une partie du squelette avec en rouge le coeur et ses artères, symbole du Sacré-Coeur chrétien. Dans Anatomie de mon univers, écrit en octobre 1940, Masson évoque cette humanité agreste des moissonneurs et autres faucheurs par cette phrase très métaphorique : « Le moissonneur du champ au soleil désincarné par la lumière et réduit à un squelette de cristal dans l’espace irradié » (AM : « Anatomie de mon univers » in Levaillant, 1976, p. 221). Ce corps solide, tendu dans la diagonale du tableau, mais exagérément allongé et penché sur le manche de sa faux, semble approcher ce soleil Héraclitéen. Les couleurs jaune et bistre apportent le relief et le mouvement dans le dessin du corps. L’espace que l’on suppose être les champs au moment de la moisson est transmué par le rayonnement en un carrousel abstrait de couleurs vives. […] Masson halluciné lui aussi par la violence et l’éclat de la lumière des paysages de l’Ampurdan, voit en ce faucheur au champ venant cueillir les nourritures terrestres, la présence sombre de la grande faucheuse, dont la lame noire au premier plan, est l’ombre du tableau. Écrit à Tossa de Mar le 16 juillet 1936, « Rêve d’un futur désert » termine par la phrase : « À l’horizon un soleil noir oscille pour la dernière fois : oeil voilé par une faux qui détruit ce paysage de fin du monde. » (Cf. Levaillant, 1976, p. 218)
Jean-Michel Bouhours

8. André Masson, La Pythie, 1943 Huile et tempera sur toile, 130,5 x 106,5 cm Achat en 1981, Centre Pompidou, Paris, Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle. Inv. : AM 1981-21 Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMNGP/ Adam Rzepka © Adagp, Paris 2019

8. André Masson, La Pythie, 1943 Huile et tempera sur toile, 130,5 x 106,5 cm Achat en 1981, Centre Pompidou, Paris, Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle. Inv. : AM 1981-21 Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMNGP/ Adam Rzepka © Adagp, Paris 2019

La Pythie, 1943
Durant son séjour aux Etats-Unis, Masson n’en finit pas de convoquer les mythes grecs, comme si les thèmes tragiques d’une civilisation perdue retrouvaient une actualité valable pour tous. En raison de son activité oraculaire, la Pythie pourrait être une figure aimée des surréalistes. Masson est pourtant le seul à en
avoir conçu l’image, préparant d’importantes esquisses au pastel et choisissant un grand format pour cette toile. Un corps de femme nue, tête levée, bras dressés, agitée : imago essentielle. Certains motifs comme la main dressée se retrouvent dans d’autres tableaux, Pasiphaé par exemple (1943), longtemps plus connu que La Pythie, sans doute à cause de la reprise du même titre par Pollock en 1944 dans le contexte surréalisant de la galerie Art of This Century). La surface est animée, comme dans les toiles de l’année précédente (Germination et Paysage iroquois), à l’aide de matrices colorées : le noir, le jaune et le rouge circulent avec les lignes, éclairant celles-ci comme des halos de lumière. Mais, contrairement à ces deux oeuvres où une matrice en forme d’oeil occupe l’essentiel de la surface, la composition est ici décentrée selon trois foyers principaux reliés par des nappes de couleur de feu. L’application un peu tendue des figures aux mains captatrices des années 1922-1924 cède la place à la gestualité dramatique et mouvementée qui gouvernera désormais l’iconographie de Masson.
Françoise Levaillant in La collection du Musée National d’art moderne – Sous la direction de Nadine Pouillon, Agnès de la Beaumelle – Paris, Centre Pompidou, 1986.

9. André Masson, La Montagne Sainte Victoire, 1948 Huile sur toile 65 x 54 cm Belfort, Musée d'art moderne - Donation Maurice Jardot © Adagp, Paris 2019

9. André Masson, La Montagne Sainte Victoire, 1948 Huile sur toile 65 x 54 cm Belfort, Musée d'art moderne - Donation Maurice Jardot © Adagp, Paris 2019

Engloutissement, 1968
Masson gardera durablement en mémoire les images de tueries aux abattoirs de Vaugirard qu’il visite en compagnie du photographe Eli Lotar en 1930. Il y retournera régulièrement, à Vaugirard ou à ceux de La Villette, dessiner et tirera de ses moments d’observation, la série des Massacres. C’est la période de la revue Documents dirigée par Georges Bataille : Georges Limboury qualifie Masson de « dépeceur universel » : celui qui vient chercher dans les entrailles le labyrinthe mythologique (In revue Documents n°5, 2e année, Paris, 1930. Reprint ed Jean-Michel Place). Engloutissement utilise un répertoire plastique fondé sur un enchevêtrement de couleurs et de lignes. Les tons sanguins et chauds s’opposent aux verts, disséminés de manière équilibrée. Un corps masculin à la gauche du tableau, bras levés et écartés, comme crucifié, un corps-totem en amorce à droite à peine visible, tandis qu’au centre une figure spectrale flotte, à moins qu’elle ne brule ? Héraclite, dont les réflexions accompagnaient toujours celles d’André Masson, ne concevait pas de discorde entre ces deux éléments, évoquant le feu humidifié engendrant l’eau dans un cycle d’exhalaisons. Le titre de l’oeuvre nous invite à voir dans la figure centrale Ophélie à la chevelure qui coule au gré de l’onde. L’incandescence de la figure évoque aussi la flamme, le déhanchement érotique du feu tel que le décrivait Gaston Bachelard dans La Psychanalyse du feu. Celui-ci citait Empédocle, qui fait parler le Rêveur devant le feu prêt au sacrifice : « Enveloppe moi dans des fleuves de lave ardente, presse-moi dans tes bras de feu, comme un amant presse sa fiancée. J’ai mis le manteau rouge. Je me suis paré de tes couleurs. » (Cité par Gaston Bachelard dans La Psychanalyse du feu, Paris, 1949, ed Gallimard, Folio/essais, p. 42)
Jean-Michel Bouhours

10. André Masson, Engloutissement, 1968 Huile sur toile, 130 x 162 cm Musée d'art moderne de la Ville de Paris Crédit photo : Jean-Yves Trocaz / Parisienne de Photographie / Roger-Viollet © Adagp, Paris 2019

10. André Masson, Engloutissement, 1968 Huile sur toile, 130 x 162 cm Musée d'art moderne de la Ville de Paris Crédit photo : Jean-Yves Trocaz / Parisienne de Photographie / Roger-Viollet © Adagp, Paris 2019

André Masson (1896-1987), biographie

Naissance en janvier 1896 à Balagny-sur-Thérain (Oise), enfance à Lille puis Bruxelles.
1907-1912
Masson suit les cours de l’Académie Royale de Beaux-arts et de l’Ecole des Arts Décoratifs de Bruxelles. Il découvre les peintures de James Ensor, Paul Cézanne, Le Greco, Odilon Redon. La famille Masson s’installe près du Musée du Luxembourg en 1912 et André entre à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris. Il est introduit auprès du milieu artistique parisien.
1913-1918
Masson rencontre Maurice Loutreuil, tous deux reçoivent une bourse pour étudier la fresque en Toscane. À son retour début 1914, Masson rompt avec sa famille et s’installe en Suisse près de Berne, dans la propriété du peintre Wilhelm Balmer. Il devient végétarien, se consacre à la lecture et à la marche pieds nus, cherchant à communier avec la nature. Après une préparation militaire, il se retrouve sur le front au printemps 1916 et participe aux plus dures batailles, notamment dans la Somme. Finalement réformé, suite à l’intervention de sa mère, il restera traumatisé toute sa vie.
1919-1921
Masson et Loutreuil partent pour Barcelone. Ils séjournent à Collioure et s’installent à Céret en mars. Masson se remet à peindre et dessiner, dans un style sous influence cézanienne. Les deux amis rencontrent les peintres Pierre Brune, Pinchus Krémègne puis Chaïm Soutine. Masson et Loutreuil se brouillent, Loutreuil quitte Céret tandis que Masson est recueilli par Manolo. Masson travaille comme décorateur céramiste à Prades. Il rencontre Odette Cabalé qu’il épouse en 1920, avec Manolo et Frank Burty Haviland comme témoins. Le couple rentre à Paris au début de la grossesse d’Odette, chez les parents du peintre. Gladys
(dite Lily) nait en novembre.
1922-1923
Max Jacob lui présente le peintre Elie Lascaux, chez lequel il rencontre le marchand Daniel-Henry Kahnweiler. Masson rencontre aussi Joan Miró aux mercredis de Max Jacob. Il réalise des dessins érotiques influencés par Rodin et Sade. Masson signe un contrat d’exclusivité avec Kahnweiler. Il fait la connaissance de Jean Dubuffet puis de Georges Limbour, Antonin Artaud, Michel Leiris, Louis Aragon, Armand Salacrou, André Malraux… Influencé un temps par les cubistes, en particulier Juan Gris, son expression en sera cependant très originale.
1924-1927
Masson rencontre André Breton qui visite son exposition individuelle chez Kahnweiler. Il rejoint le groupe des surréalistes et rencontre Georges Bataille. Des dessins automatiques sont reproduits dans la revue La Révolution surréaliste. Lors d’un séjour de plusieurs mois sur la Côte d’Azur, Masson exécute ses premiers tableaux de sable. Sur les conseils de Giacometti Masson réalise sa première sculpture en plâtre.
1928-1929
Masson rompt avec son épouse Odette. Il commence à prendre ses distances avec le groupe surréaliste, trop conformiste à son goût et dont il n’apprécie pas l’orientation politique. Georges Bataille, écarté du groupe, créé la revue Documents. Masson est attiré par cette mouvance et retrouve d’autres dissidents du groupe, comme Michel Leiris et Georges Limbour. Sa vie privée est marquée par une relation passionnée avec Paule Vézelay, peintre anglaise. Masson fait un séjour à Perpignan entre avril et juin.
1930-1933
Pascal Pia publie la première monographie de l’artiste. Masson expose avec l’Association des Sur-indépendants à Paris et à la Galerie de l’art vivant à New York. Il s’intéresse aux philosophies orientales. Il peint Massacres, travaille aux décors et costumes du ballet Les Présages de Léonide Massine pour les Ballets russes. À Nice il passe plusieurs jours en compagnie de Matisse avec lequel il se lie d’amitié. Le 1er juin premier sort le numéro de Minotaure, titre dû à Bataille et Masson. La reprise des relations avec Kahnweiler aboutit à un accord avec Georges Wildenstein qui achètera la moitié de la production de Masson.
1934-1936
Fuyant les manifestations pro-fascistes de Paris en février, Masson part pour un voyage à pied en Andalousie avec sa compagne Rose Maklès. En juin ils décident de s’installer en Espagne, à Tossa de Mar. Masson peint des tableaux représentant des insectes et les moissons. André et Rose se marient en décembre à Barcelone, avec Jacques Duthuit et Joan Miró pour témoins. En mai 1935, Georges Bataille rend visite aux Masson à Tossa. Diego Masson naît le 21 juin. À l’automne les Masson voyagent à Tolède, Avila, Madrid. Masson produit des séries de toiles inspirées des sierras et des villes espagnoles.
En février-mars 1936 Masson bénéficie d’une exposition personnelle chez Wildenstein à Londres. Il séjourne à Paris en mars puis retourne à Tossa. Le premier numéro d’Acéphale paraît, Masson est le seul illustrateur. Il peint aussi des toiles sur le thème des corridas. En septembre naissance de son second fils Luis. Masson renoue avec André Breton grâce à Georges Bataille et participe à l’Exposition surréaliste internationale de Londres. Les Masson rentrent à Paris fin novembre.
1937-1940
Masson travaille à la suite des dessins anticléricaux et anti-fascistes sur la Guerre d’Espagne. Plusieurs de ses
peintures figurent dans l’exposition de la collection Sadie A. May au Baltimore Museum of Arts. Masson dessine la couverture du numéro 12-13 du Minotaure qui contient l’article Prestige d’André Masson de Breton. Réformé, Masson s’enferme dans sa peinture et ses réflexions sur l’art, bannit la presse, lit des ouvrages métaphysiques,scientifiques et philosophiques. Les Masson fuient vers le Cantal chez Georges Bataille. Rose et ses fils sont en danger face aux lois raciales d’octobre. Masson travaille aux dessins d’Anatomie de l’Univers. Ils se réfugient ensuite à Marseille où de nombreux surréalistes menacés par le régime vichyste sont également présents.
1941-1945
Les Masson embarquement pour les États-Unis le 31 mars. Le bateau fait escale trois semaines en Martinique, en avril-mai, où se trouvent André Breton, Wilfredo Lam, Aimé et Suzanne Césaire. Les Masson débarquent à New York fin mai puis s’installent dans le Connecticut. La nature américaine ainsi que la culture amérindienne stimulent l’imaginaire de Masson. À la suite d’un accord avec Kahnweiler, Masson est représenté aux Etats-Unis par Curt Valentin de la Galerie Buchholz à New York. Masson découvre la peinture chinoise au Musée de Boston. Ses oeuvres participent à plusieurs expositions collectives et intéressent les expressionnistes abstraits américains. Les Masson rentrent en France en octobre 45.
1946-1949
Une exposition individuelle au Palais des Beaux-arts de Bruxelles présente une quarantaine d’oeuvres peintes par Masson aux Etats-Unis. L’année suivante la famille Masson s’installe au Thoronet près d’Aix-en-Provence. Le paysage devient un thème majeur dans ses toiles et l’influence de la peinture chinoise y apparait. Masson assiste à des corridasavec Michel Leiris, notamment à Nîmes.
1950-1957
Les expositions à travers l’Europe se succèdent André Masson et Alberto Giacometti à la Kunsthalle de Bâle,
27e biennale de Venise, rétrospective à Londres. Masson travaille par séries thématiques, sur plusieurs années. Jean Grémillon réalise André Masson et les quatre éléments interview de l’artiste dans son atelier du Thoronet.
1958-1961
La peinture de Masson a pris un caractère très abstrait. Les toiles sont peintes au jet de peinture et à l’aérographe. Des collages, notamment de plumes, ou encore des empreintes d’éléments naturels comme des feuilles sont parfois appliqués. Le travail de Masson reflète ses interrogations sur la relation entre peinture et écriture. Une rétrospective de son oeuvre gravé se tient à Tokyo.
1962-1968
Masson est consultant au Conseil des musées nationaux pour les acquisitions. Une crise cardiaque paralyse le bras droit de Masson. Grande rétrospective au Musée national d’art moderne de Paris. André Malraux lui commande le décor du plafond de l’Odéon. Une rétrospective est organisée au Musée Cantini à Marseille.
1969-1979
Une anthologie de ses écrits parait également aux éditions Hermann. Une rétrospective est organisée par William Rubin au MOMA, New York, présentée ensuite à Houston puis au Grand Palais à Paris. Le Musée d’art moderne de la Ville de Paris présente une grande rétrospective des dessins de Masson.
1980-1982
Masson se rend à Rome pour son exposition au Studio DueCi qui édite par la suite ses sculptures en bronze.
En 1981 le Musée d’art moderne de Céret présente une cinquantaine d’oeuvres de Masson avec le soutien de Louise Leiris et Maurice Jardot. C’est le début d’acquisitions importantes : des dessins en provenance de la Galerie Louise Leiris, mais aussi de donations de Louise et Michel Leiris : Les villageois, Le labyrinthe. Incapable de rester statique devant la toile, il cesse de peindre car il ne peut plus marcher. Il continue tout de même son activité graphique jusqu’en 1985. Il séjourne dorénavant à Paris.
1983-1987
Une exposition présente au Théâtre du Rond-Point ses créations de décors et costumes. La donation Leiris fait l’objet d’une exposition au Centre Pompidou. Des oeuvres de Masson participent à l’exposition sur le surréalisme organisée par Germain Viatte à Marseille. Masson a cessé son activité graphique mais reste un lecteur très averti. Rose Masson décède en août. En 1987 David Sylvester organise une grande rétrospective des dessins d’André Masson à Londres. Ce sera le dernier voyage de l’artiste. Il décède le 28 octobre à Paris.
1988
Création du Comité André Masson.

11. André Masson, Amazone (Femme et cheval), 1938/1986-87 Bronze, 63,7 x 123,1 x 44,1 cm DIE GALERIE, Frankfurt am Main © Adagp, Paris 2019

11. André Masson, Amazone (Femme et cheval), 1938/1986-87 Bronze, 63,7 x 123,1 x 44,1 cm DIE GALERIE, Frankfurt am Main © Adagp, Paris 2019

Commissariat de l’exposition
Nathalie Gallissot, conservatrice en chef du patrimoine, dirige le musée d’art moderne de Céret depuis 2012. Elle a réalisé des expositions monographiques consacrées à Antoni Tàpies (2012), Auguste Herbin (2013), Miquel Barceló (2013), Miguel Chevalier (2014), Jaume Plensa (2015), Maria Helena Vieira da Silva (2016) et Najia Mehadji (2018).
Jean-Michel Bouhours, historien d’art et commissaire d’expositions.
Il a dirigé le département Cinéma puis le département Art moderne au Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris. Ancien directeur du Nouveau Musée national de Monaco de 2003 à 2008. Commissaire de l’exposition « Dalí : Eurêka ! » au Musée d’art moderne de Céret en 2017.

Autour de l’exposition

PROJECTION DANS L’AUDITORIUM pendant toute la durée de l’exposition
Film « André Masson et les quatre éléments », réalisé par Jean Grémillon en 1957. Durée : 00:20:02
Documentaire sur le peintre André Masson où Jean Grémillon montre l’artiste au travail dans son atelier du Tholonet (Bouches-du-Rhône), étudie son processus de création poétique. Sensible au mouvement invisible et à la force de l’univers, la nature observée (règne végétal, animal, eau en cascade) transforme son inspiration en objet pictural abstrait, et associée aux quatre éléments, en oeuvres surréalistes.
LES CLÉS DE L’ATELIER
L’espace « Les clés de l’atelier » est un espace destiné au public et aux familles. Jeux, livres, objets, permettent de mieux comprendre la démarche de l’artiste, le fil conducteur de l’exposition. Un espace d’échange, de réflexion et de plaisir, ouvert à tous.
VISITES GUIDÉES
Visites guidées de l’exposition. Tarif : 3,50 euros en sus du billet d’entrée. Réservations obligatoires pour les groupes au 04 68 87 97 34.
Un programme d’activités est disponible sur le site internet et sur la page Facebook du musée : conférences, ateliers de création plastique, activités pour les enfants…
CONCERT
Concert le mardi 30 juillet à 21h dans le cadre du Festival Pablo Casals
Chaque année, le musée accueille le Festival Pablo Casals et Michel Lethiec, directeur du Festival de musique de chambre et clarinettiste de renom.
« Vers la liberté » à l’occasion de l’exposition André Masson.
G. LIGETI (Hongrie) - Six bagatelles pour quintettes à vents
V. KALABIS (Tchécoslovaquie) - Piccola Musica da Camera op.27
K. PENDERECKI (Pologne) - Quatuor à cordes n°2
D. CHOSTAKOVTCH (Urss) - Trio pour piano et cordes n°2 op.67
Musiciens : Patrick Gallois, Jean-Louis Capezzali, Michel Lethiec, André Cazalet, Carlo Colombo, Shanghai Quartet, Trio Hélios

Le Musée d’art moderne de Céret
Le musée d’Art moderne de Céret témoigne de l’aventure artistique exceptionnelle dont la ville est le cadre depuis le début du XXe siècle. Surnommée « la Mecque du cubisme » en 1909, Céret est en effet un lieu mythique de l’art moderne et contemporain. Créé en 1950, rénové et agrandi en 1993, le musée relate cette histoire et propose une collection historique d’oeuvres inspirées du séjour de nombreux artistes. La collection contemporaine est le reflet de l’ouverture du musée aux avant-gardes.
L’aventure commence en janvier 1910, lorsque arrivent à Céret trois artistes venus de Paris : un sculpteur catalan ami de Picasso, Manolo Hugué, le peintre et mécène Frank Burty Haviland et le compositeur Déodat de Séverac. Entre 1911 et 1913, ils invitent leurs amis de Montmartre : Picasso, Georges Braque, Juan Gris, Auguste Herbin, Max Jacob... Au cours de leurs séjours à Céret, Picasso et Braque composent un ensemble de tableaux considérés comme les chefs-d’oeuvre du cubisme.
Grâce à eux, la ville est bientôt fameuse dans le monde entier. Dans leur sillage, les plus grands noms de l’art moderne viendront à Céret pour des séjours plus ou moins longs. La Première Guerre mondiale marque un temps d’arrêt, mais l’effervescence artistique renaît dès les années vingt, avec la venue des artistes de Montparnasse. Entre 1919 et 1922, Soutine peint à Céret plus de deux cents paysages, oeuvres majeures de l’expressionnisme. Son compatriote Krémègne le suit à Céret où il finira ses jours. En 1928/29 Chagall s’installe pour quelques mois dans un mas aux alentours. André Masson, Maurice Loutreuil, Auguste Herbin, Juan Gris viennent ou reviennent à Céret. Dans sa maison/atelier surplombant la ville, un peintre venu à Céret en 1916, Pierre Brune, accueille les artistes et souvent les accompagne. Plus tard, fuyant les événements tragiques de la Seconde Guerre mondiale, viendront à Céret Raoul Dufy, Jean Cocteau, Jean Dubuffet, Albert Marquet. Au fil du temps, l’idée de la création d’un musée se fait insistante. Pierre Brune et Frank Burty Haviland, tous deux à la fois peintres et hôtes des artistes de passage, parviennent à rassembler une collection importante et à convaincre la municipalité. Ils bénéficient de l’appui et de la générosité des artistes, dont Picasso et Matisse, qui consentent des dons importants. Le musée d’Art moderne de Céret est
inauguré en 1950 dans les salles d’un ancien couvent des Carmes du XVIIe siècle. Le musée est rénové et agrandi en 1993, et présente une architecture méditerranéenne remarquable qui fait la part belle aux oeuvres et à la lumière naturelle.
L’identité particulière du musée d’Art moderne repose sur le lien fort entretenu avec les artistes. Son histoire prestigieuse incite les artistes des générations suivantes à présenter leurs oeuvres sur les cimaises qui ont accueilli leurs aînés, à s’inspirer des lieux qui les ont vu vivre. Joan Miró expose ainsi de son vivant, en 1977, et réalisera lui-même l’affiche de l’exposition. Antoni Tàpies est sollicité pour une commande publique en 1988 et réalise le diptyque mural qui encadre l’entrée du musée. Claude Viallat, Alain Clément, Vincent Bioulès sont des proches du musée où leurs oeuvres sont présentées. Plus récemment, les grands artistes contemporains catalans que sont Miquel Barceló et Jaume Plensa ont présenté des expositions marquantes. Les expositions monographiques s’intéressent au parcours d’artistes ayant en partage leur attachement, géographique ou d’inspiration, à la culture méditerranéenne, comme Vieira da Silva ou Najia Mehadji. Créé par et pour les artistes, le musée d’art moderne de Céret s’agrandira bientôt une nouvelle fois. Fortement ancré dans le territoire et son histoire, ouvert sur la création et sur le monde, il poursuit une
politique culturelle ambitieuse, composée d’expositions de haut niveau, d’une présentation didactique des collections et de leur histoire, et d’animations autour de l’art, conférences, colloques, concerts... proposant aux visiteurs des moments de réflexion, de contemplation et de plaisir. Vers un Grand Musée… L’actuel musée d’art moderne de Céret a été conçu par l’architecte barcelonais Jaume Freixa, élève de José-Luis Sert qui lui confia l’extension du bâtiment de la Fondation Miró de Barcelone. Le musée a été inauguré en 1993. L’architecture sobre, construite autour de deux patios, ménage de beaux espaces pour l’exposition des oeuvres et fait la part belle à la lumière naturelle. Il souffre cependant aujourd’hui d’un manque d’espace spécifiquement dédié aux expositions temporaires, ce qui nuit à la mise en valeur de la collection historique.
Les collectivités tutelles de l’établissement public de coopération culturelle, la Région Occitanie/Pyrénées Méditerranée, le Département des Pyrénées-Orientales et la Ville de Céret, ont souhaité et validé un agrandissement du musée, dont la construction sera achevée en 2020. Le projet a été confié à l’architecte Pierre-Louis Faloci, lauréat de l’Équerre d’argent en 1996 et du Grand Prix National d’architecture en 2018. Il a notamment réalisé la rénovation du Musée Rodin à Paris, le Musée de la Bataille de Valmy dans la Marne, les Musées d’Art et d’Histoire de Rochefort et de Bayeux… L’agrandissement du musée d’art moderne de Céret offrira un nouvel espace de 600 m2 dédié aux expositions temporaires, ainsi que de nouveaux espaces logistiques et de réserves. L’étage supérieur ménagera une salle d’accueil pour les scolaires et le public en soirée ainsi qu’une terrasse. La collection historique sera redéployée dans le bâtiment actuel, selon une muséographie mettant en lumière la place unique et originale de Céret dans l’histoire de l’art moderne et contemporain.

Informations pratiques
Musée d’art moderne de Céret
8, Bd Maréchal Joffre,
BP 60413 - 66403 Céret Cedex
04 68 87 27 76
contact@musee-ceret.com
www.musee-ceret.com
www.musee-ceret-expo.com

Horaires d’ouverture :
Du 1er juillet au 30 septembre : ouvert tous les jours de 10h à 19h
Le reste de l’année : ouvert de 10h à 17h, fermé le lundi
______________________
Tarifs :
Plein tarif : 10 €
Tarif réduit : 6 €
Gratuit jusqu’à 12 ans

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R
Trop belles les couleurs!Merci pour la dècouverte.Bonne semaine!
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L
Avec grand plaisir
C
Bonsoir Christian, <br /> je suis un peu comme Tiot, surtout les deux dernières, les premières toiles sont plus parlantes, mais cela n'enlève rien au talent de l'artiste.<br /> Merci de ce partage et découverte.<br /> Bonne soirée<br /> @mitiés
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L
Très bien
T
Salut, <br /> J'aime bien les premiers tableaux mais les suivants pas du tout.<br /> <br /> Le soleil réapparait de temps en temps.<br /> <br /> On bouge pas car la Tiotte a décidé de faire des gâteaux pour demain.<br /> <br /> On va se régaler .<br /> <br /> Bonne journée
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L
C'est différent on dira
O
Bonjour d’Angers …<br /> J’aime les deux premières … elles me rappellent Utrillo que j’adooooore ...<br /> Je vais voter contre … ceux que je n’aime pas ...<br /> Bonne journée ... Amicalement ... ¢ℓαυ∂є …
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L
Si tu le dis
L
J'aime bien les premiers tableaux, les autres sont trop modernes pour mon goût...
Répondre
L
Tu n'es pas la seule à le dire
M
Moi aussi, je ne connaissais pas cet artiste
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L
Alors c'est très bien de faire chez moi une découverte
V
je découvre cet artiste, pas ce que je préfère, mais c'est intéressant, merci. bisous Christian. cathy
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L
C'est bien de faire la découverte déjà
R
Ces toiles sont magiques <br /> Et toi qui me dit que mes billets sont longs oups ta partie écrite ........ tu aurais dû en faire un condensé car si moi j'ai pris le temps de lire ouille c'est long ...mais intéressant <br /> Bonne journée
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L
Pas le choix, je préfère tout mettre
S
Je découvre cet artiste, dont les oeuvres sont très personnelles et intéressantes. Merci Christian.
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L
Je pensais que tu n'allais pas aimer
Z
Une superbe reportage Christian et de belles toiles d'André Masson. Un coup de coeur pour le labyrinthe ! Bises et bon weekend
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L
Très bien
D
Merci pour ce super reportage !<br /> C'est toi qui l'a fait ???<br /> <br /> " Bon week end, en famille ... ou pas.<br /> Les fleuristes s'affairent à faire monter leur cagnotte<br /> et les GJ à nous motiver pour voter !<br /> Gros bisoux. "
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L
Non c'est un dossier.

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