Mieux connaître l’espèce pour mieux la protéger !
Telle est l’ambition de la Montagne des Singes qui accueille régulièrement des chercheurs spécialisés en éthologie ou en biologie. Actuellement deux étudiants travaillent sur un projet de recherche dont le thème principal est l’innovation chez les macaques.
Maria-Teresa Martinez Navarette, étudiante espagnole en primatologie à l’Université de Barcelone a débuté ses observations le 15 août 2016 et sera présente jusqu’au 30 juin 2017.
Simon Anza , étudiant italien en biologie à l’Université de Pise l’a rejoint le 10 mars en tant qu’assistant de recherche. Tous deux sont encadrés par Federica Amici qui dirige le projet de recherche « l’innovation chez les macaques » à l’Institut Max-Planck d’Anthropologie évolutionniste à l’Université de Leipzig.
L’innovation telle que l’entendent les chercheurs correspond à la capacité d’un animal à résoudre un problème ou à trouver de nouvelles solutions pour dénouer d’anciens problèmes.
Des aliments sont placés dans une boîte en plexiglas avec différentes possibilités d’ouverture. Les expériences menées par Maria-Teresa et Simon consistent à observer en premier lieu comment les singes réagissent face à la nouveauté et l’inhabituel. Ensuite quels singes seront les plus prompts à s’approcher des dispositifs et rechercher comment débloquer les verrous pour obtenir la friandise convoitée.
L’objectif est de tester la capacité d’adaptation et de créativité en présence de nouveaux objets.
Les singes ne sont d’aucune façon contraints à participer à ces « expériences » et seuls les individus « motivés » se prêtent à ces jeux de créativité.
Il s’agit de déterminer si la position hiérarchique, le sexe, l’âge, l’importance du groupe dans lequel les macaques évoluent ont une influence sur la manière dont ils appréhendent de nouveaux objets ou dispositifs.
Les observations sont réalisées sur deux groupes de macaques de Barbarie d’une cinquantaine d’individus. Dans un premier temps, les étudiants ont appris à reconnaître les singes à l’aide notamment de photos puis en étudiant les signes distinctifs de chacun telles les différences de pigmentation dans les visages des Magots … Ensuite un éthogramme a été établi pour définir tous les comportements observés. Enfin les observations ont pu être menées. A l’issue de leur travail de recherche, les données recueillies seront analysées et comparées avec d’autres études menées sur des macaques du Japon et des macaques noirs de Sulawesi.
Depuis le début des recherches en 1972 dans les parcs de la Montagne des Singes (Montagne des Singes, Forêt des Singes, Affenberg Salem D, Trentham Monkey Forest GB), une centaine de comportements sociaux différents ont pu être identifiés, tels l’utilisation des bébés comme intermédiaires sociaux, le rôle particulier des mâles avec les bébés, la migration de certains mâles d'un groupe vers un autre pour éviter la consanguinité…. Les résultats de ces études permettent par ailleurs de délivrer des informations de tout premier ordre à nos visiteurs. L’objectif de ces travaux de recherche est d’approfondir les connaissances sur l’espèce, connaissances permettant aussi de mieux la protéger.
La situation du macaque de Barbarie est aujourd’hui alarmante : les scientifiques estiment qu’il reste moins de 8.000 individus en Algérie et au Maroc (contre 23.000 individus en 1978). En 2016, l'espèce a été classée en annexe I de la Cites, la Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction, afin qu'elle soit considérée comme "très protégée". Cette mesure devrait permettre au Maroc et à d'autres pays de fédérer leurs efforts pour lutter contre le commerce illégal du Magot.
Le Magot est par ailleurs protégé et classé « en danger » depuis 2008 par la « Liste Rouge » de l’ Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), une organisation scientifique qui suit l’évolution des espèces végétales et animales.