Street Art au musée des beaux-arts de Calais
06 avril au 03 novembre 2019 à Calais
Avec : Banksy, Speedy Graphito, MadC, JonOne, Alëxone, Shepard Fairey ...
Le Street Art fait-il partie de l’Art contemporain ou est-il un phénomène à part ? Difficilement classable depuis son origine, le Street Art a, en tout état de cause, acquis une place majeure dans l’histoire récente de la création.
Aujourd’hui, ce mouvement artistique entre au musée.
Un événement qui pourrait sembler normal pour certains, étonnant voire choquant pour d’autres, et qui représente surtout une véritable victoire. Hier encore, les interventions dans la rue des taggeurs et graffeurs étaient considérées comme du vandalisme et les relations entre les autorités et les « writers » comparées à celle du chat et de la souris. Aujourd’hui, nombreuses sont les villes qui passent commande à ces mêmes artistes pour la réalisation des fresques monumentales.
CONQUÊTE URBAINE témoigne de cette évolution d’un art illicite et contestataire vers une pratique non seulement acceptée mais même sollicitée par les acteurs publics.
Cette exposition réaffirme également l’ouverture du Musée des beaux-arts de Calais vers de multiples formes d’art avec des expositions accessibles aux non-initiés.
Le Street Art prend ses racines dans l’art du muralisme. Que ce soit au Mexique après la Révolution de 1910, ou au même moment en Russie avec la propagande soviétique, cela fait plus d’un siècle que cet art est présent en ville. Pourtant, ce n’est qu'au cours des années 60 que naît d’abord aux États-Unis et ensuite en Europe une véritable démarche artistique prenant en compte l’espace urbain. La vague déferlera ensuite sur toute la planète.
À travers plus de soixante oeuvres, dont certains prêts exceptionnels, des créations d’artistes précurseurs des années 60 à aujourd’hui, l’exposition CONQUÊTE URBAINE propose de revenir sur les origines et l’évolution de l’art urbain. Le parcours construit en quatre séquences dévoile les caractéristiques fondamentales d’un phénomène par ailleurs en perpétuel mouvement : les lois de la rue ; écritures urbaines ; un art urbain ; un art rebelle. En introduction à l’exposition, deux oeuvres monumentales seront créées in situ par les artistes Alëxone et Romain Froquet.
Le commissariat est assuré par Mathilde et Gautier Jourdain, fondateurs de la galerie d’Art urbain Mathgoth (Paris 13ème) et par le Musée des beaux-arts de Calais.
Un catalogue de l’exposition est à paraître aux éditions Liénart.
Avec la collaboration de Stéphanie Lemoine et de Chrixcel pour les textes du catalogue et de l’exposition.
Anders Gjennestad Enter title here #10, aérosol sur métal, 60x70 cm, 2018, collection particulière, Paris
Le Street Art est sans conteste le mouvement le plus important et le plus universel de l’histoire de l’art. Aujourd’hui, il rentre au musée. Un événement qui pourrait sembler anodin mais qui est en fait une véritable victoire. C’est l’aboutissement de nombreuses batailles qui auront duré plusieurs décennies.
Que ce soit au Mexique après la Révolution de 1910, ou au même moment en Russie avec la propagande soviétique, cela fait plus d’un siècle que cette conquête urbaine existe. En 1943 à Los Angeles, les Chicanos par centaines inscrivaient en noir leurs noms sur les murs des Barrios pour gagner leur territoire. Pourtant, ce n’est qu’au cours des années 60 que naît une véritable démarche artistique prenant en compte l’espace urbain.
C’est Gérard Zlotykamien qui s’y essaye le premier en 1963 avec la bombe aérosol, très rapidement suivi par les affiches de Buren et de Pignon-Ernest.
Le graffiti tel qu’on le connaît, naît quelques années plus tard. C’est Darryl McCray, en 1967 à Philadelphie, qui est le premier à taguer son surnom Cornbread sur les bus, les trains, les voitures de police et même sur le jet des Jackson Five ou sur le flanc de l'éléphant du zoo local. Le tag de Cornbread est systématiquement surmonté d’une couronne que bon nombre d’artistes s’approprieront par la suite, dont un certain Jean-Michel Basquiat.
La véritable explosion du graffiti interviendra dans les années 70 à New York. Les gamins désoeuvrés en quête de notoriété s’amusent à inscrire leurs noms un peu partout ; une façon comme une autre d’exister. Ils envahissent la ville. À ce petit jeu, le jeune Démétrios se montre le plus prolifique. Profitant de son boulot occasionnel de coursier, il pose son tag Taki183 (son surnom plus le nom de sa rue) au quatre coins de la ville. À l’été 1971, son interview dans le New York Times marque en quelque sorte le début officiel du graffiti moderne. Avec l’explosion du hip-hop, le mouvement s’affermit et se bonifie artistiquement. Seen, Rammellzee, Futura ou Dondi en sont quelques-uns des principaux artisans.
New York est le point de départ du graffiti qui ne tarde pas à toucher toute la planète. Tout d’abord l’Europe mais très rapidement l’Amérique du Sud et l’Asie. Sous cette impulsion des cultures urbaines, les années 80 vont marquer l’explosion de l’art de rue, tout particulièrement en France et aux États-Unis. Les graffeurs ne sont plus les seuls à s’emparer de la ville. À New York, les peintres prennent l’air. Basquiat couvre les murs de ses maximes, Haring s’approprie les couloirs du métro et Jenny Holzer affiche partout ses aphorismes délirants. À Paris, la gauche arrive au pouvoir. Un vent nouveau souffle. Les artistes débordent d’énergie et comme les ateliers sont trop petits pour accueillir leurs peintures, ils décident de gagner la rue. C’est la naissance d’une multitude d'artistes qui s’avéreront des figures majeures du mouvement : Blek, Jef Aérosol, Jean Faucheur, Speedy Graphito, ou Jérome Mesnager pour n’en citer que quelques-uns.
Dans les années 90, le graffiti va changer. Les livres Subway Art et Spraycan Art sont passés par là. À Paris tout le monde a son tag. Il y en a tellement qu’on ne voit quasiment plus à travers les vitres du métro. Partout l’espace est saturé. C’est une sorte d’overdose et le règne du lettrage vacille. Le graffiti change et naissent un peu partout les logotypes sans que personne ne se soit réellement concerté. En France, les Shadocks d’André voient le jour tandis que Invader pose ses premières mosaïques. Mais le phénomène est international et se retrouve dans chaque grande ville : Shepard Fairey et
sa campagne de stickers à Los Angeles, The London Police à Amsterdam ou Bäst à New York.
À partir des années 2000, le rythme va considérablement s’accélérer et le Street Art va réellement changer. La politique de répression et sa « tolérance zéro » poussent les artistes à se renouveler et à modifier les formes d’expression. Certains troquent les bombes de peinture pour d’autres outils. La photo, la sculpture où le tricot trouvent leur place dans la rue. Certains se lancent dans le tag au laser, d’autres à l’instar de Zevs pratiquent le « tag propre », officiant au Kärcher. Le Street Art est désormais multifacette.
Mais la plus grande révolution, celle qui fera que le passage du Millénaire marque un nouvel âge d’or s’appelle internet. Tout d’abord parce qu’il va permettre la diffusion instantanée de l’art urbain. Une oeuvre n’est pas encore sèche que la planète tout entière l’a déjà sous les yeux, lui offrant une visibilité sans précédent. Internet permet aussi de créer une douce et saine concurrence entre les artistes. Au milieu du XXème siècle Picasso et Matisse se sont opposés en duel pendant près de 50 ans. Une joute picturale qui les a perpétuellement poussés à donner le meilleur d’eux-mêmes. On ne sait pas qui est sorti vainqueur de ce combat, mais de toute évidence la peinture y a beaucoup gagné. Aujourd’hui internet offre à chaque artiste l’opportunité de jauger son travail par rapport à celui de ses pairs et permet rapidement au public de savoir qui est un « meneur » ou au contraire un « suiveur ». Avec internet la qualité et l’intérêt des interventions in situ ne cesse de progresser et de surprendre. Ce besoin de faire toujours plus et mieux, plus haut et plus gros, a vu naître une autre sorte de néo-muralisme.
Aux quatre coins du globe, les plus grands artistes urbains travaillent désormais les pieds dans le vide, la tête dans les nuages, réalisant des fresques gigantesques. Il y a fort à parier que l’avenir proche du Street Art passe par ces imposantes réalisations. Les conquérants vont prendre la ville en y apportant l’art et la culture à la portée de tous.
Mathilde & Gautier Jourdain
Cope2 Redeem, aérosol acrylique et encre sur toile, 115x140 cm, 2016, collection particulière, Paris
extrait du texte du catalogue de l’exposition
par Stéphanie Lemoine
Toute exposition d’art urbain est un défi. Il y a d’abord cette ritournelle : quoi, de l’art urbain dans un musée ? Sa place n’est-elle pas plutôt dans la rue ? Malgré l’intérêt croissant des institutions et des galeries pour le phénomène, et quand bien même les interventions des artistes dans la ville excluent rarement un travail d’atelier, certains perçoivent encore comme contradictoire le fait de circonscrire entre quatre murs une pratique exercée en plein air : sa présentation dans le cadre du musée jure avec l’image d’un art jugé hors-cadre et rebelle à toute forme d’autorité. Si bien qu’il faut défaire pas mal d’idées reçues pour l’exposer dans le « white cube ». […] Enfin, cet art est d’autant plus compliqué à cerner qu’il connaît depuis une quinzaine d’années une évolution notable. S’il a été exposé et médiatisé dès les années 1970, s’il a même connu une vogue éphémère dans les années 1980, il était essentiellement assimilé dans les années 1990 à la marque infamante du graffiti. Avant que la vague « street art » n’en rebatte les cartes au tournant du nouveau millénaire, il était impopulaire parce qu’illégal, éphémère parce qu’effacé, underground parce que perpétré en marge des grands médias et du marché de l’art. À l’ère des réseaux sociaux, il est au contraire exposé, plébiscité, partagé, « liké », pérennisé, bref mainstream. Là où il était quasi impossible d’en vivre (combien de graffeurs sont devenus graphistes ?), les artistes se voient aujourd’hui offrir nombre d’opportunités : expositions en galeries et en institutions, murs légaux soutenus par les municipalités, interventions in situ liées aux opérations de renouvellement urbain, commandes de promoteurs immobiliers et d’aménageurs, sans parler des collaborations avec toutes sortes de marques pour les plus « bankables ». Quand son seul rapport à la loi était le procès pour infraction au code pénal1, il se voit protégé en même temps par le code de la propriété intellectuelle. Et si la majorité des oeuvres exposées sans autorisation dans l’espace public continuent d’être effacées, certaines d’entre elles sont désormais conservées - parfois sous plexiglas. Enfin, quand son illégalité impliquait souvent la discrétion et le recours au pseudonyme, l’art urbain est aujourd’hui indexé - taggué ! - sur les réseaux sociaux. Cette évolution est évidemment une aubaine pour les artistes, mais aussi pour leurs publics et tous les intermédiaires du phénomène (galeristes, journalistes, etc.). Mais elle brouille aussi ce qui semblait faire la spécificité du phénomène. S’il n’est plus nécessairement dans la rue, s’il n’est plus toujours illégal, s’il n’est plus forcément gratuit, qu’est-ce qui le distingue de l’art public d’un côté, de l’art contemporain de l’autre ?
1 En France, l’article 322-1 du code pénal précise que « Le fait de tracer des inscriptions, des signes ou des dessins, sans autorisation préalable, sur les façades, les véhicules, les voies publiques ou le mobilier urbain est puni de 3 750 euros d’amende et d’une peine de travail d’intérêt général lorsqu’il n’en est résulté qu’un dommage léger. »
extraits de biographies du catalogue de l’exposition
par Chrixcel
MadC (alias Claudia Walde) est née en 1980 en Allemagne où elle vit et travaille actuellement. […] L’une de ses oeuvres devenue mythique, qui lui a valu une renommée internationale en 2010, est une fresque figurative et narrative réalisée à la bombe aérosol sur une longueur de 639 mètres. Le mur peint en seulement quatre mois, qui s’étend le long d’une ligne ferroviaire entre Berlin et Halle, demeure à ce jour le plus grand réalisé par une seule personne. Il contient plus d’une centaine de fois son blaze, MadC, incorporant des graphismes divers et variés.
L’année 2014 marque un tournant dans son parcours artistique puisqu’elle abandonne peu à peu le figuratif et le lettrage graffiti dans lesquels elle excelle pour s’orienter vers un travail abstrait basé sur la lumière et les couleurs vives. Les lettres sont toujours présentes, mais diluées. Ses compositions, alliant de larges aplats dynamiques qui se superposent à la transparence du blanc, donnent toute la mesure de sa science de la bombe aérosol, dont le rendu frôle celui de l’aquarelle. […] Connue pour sa rapidité d’exécution et sa méticulosité, MadC est une artiste surdouée et touche à tout. […]
Astro est un graffeur français autodidacte […] qui vit à Paris et travaille principalement en Europe et aux États-Unis. Membre du collectif ODV, il réalise ses premiers lettrages graffitis en 2000 et développe au fil des années un style particulier tout en pleins et déliés rappelant les formes alambiquées de l’Art Nouveau, évoquant notamment les chevelures féminines de Mucha et la calligraphie. […] À partir de 2015, Astro oriente ses recherches graphiques vers la géométrie tridimensionnelle, avec une prédilection pour les vortex. Ses oeuvres urbaines prennent rapidement de l’ampleur et du volume, au point d’investir des pignons de plusieurs mètres de hauteur, des toits d’immeubles et même le sol (il peint une esplanade en forme de triangle à Saint-Denis près du Stade de France). Il s’agit d’un véritable tournant dans sa carrière car de graffeur-tagueur il devient muraliste-illusionniste en s’inspirant des artistes comme Victor Vasarely ou Georges Rousse. Sur le principe du trompe-l’oeil, Astro exploite les jeux d’ombres et la perspective dans des compositions anamorphiques impliquant parfois des enfilades de bâtiments. […] Parmi ses oeuvres murales les plus notables, citons les trois façades de Lourès à Lisbonne pour Arte Pública (2016), sa plus grande fresque (150 m de long, haute de 8 m) peinte à Calais dans le cadre de « 100 Murs pour la Jeunesse » en 2017 et « l’Illusion perpétuelle » réalisée à Épinal en 2018.
Jef Aérosol est […] l’un des artistes français pionniers de l’art urbain né à Nantes en 1957 et installé à Lille depuis 1984. Devenu une référence dans le milieu, il réalise son premier pochoir à Tours en 1982 - un autoportrait de photomaton à la bombe noire. […] Sa passion pour la musique se décèle dans son look très étudié […] et dans le choix des icônes qu’il aime peindre (Elvis Presley, John Lennon, Jimi Hendrix, Bob Dylan, Patti Smith…). Les acteurs emblématiques sont également un sujet de prédilection comme en témoigne cette reproduction sur bois du couple mythique formé par Humphrey Bogart et Ingrid Bergman dans le film Casablanca. En plus de ces V.I.P. - pour Very Important Pochoirs -, une grande partie de son travail est consacrée aux anonymes (enfants, mendiants, musiciens) avec en plus quelques particularités qui ont fait sa patte : la flèche rouge, le récurrent « Sitting Kid » et les autoportraits, fréquents à ses débuts. On peut voir son plus grand selfie sous forme de fresque monumentale (350 m²), réalisé tout près de Beaubourg à Paris en 2011 et restauré à l’été 2018. […]
Isaac Cordal Isolated in the Modern Outdoors, résine polyurethane et métal, 34x32x15 cm, 2017, Galerie Mathgoth, Paris
Jace est un graffeur français né au Havre en 1973, qui oeuvre dans la rue depuis 1989. Il vit et travaille à La Réunion. En 1992, Jace créé un personnage emblématique et facétieux qu’il nomme « Gouzou ». C’est le début d’une longue aventure puisque désormais les Gouzous sont mondialement connus pour avoir voyagé dans plus d’une quarantaine de pays et territoires. Avec sa mascotte au graphisme épuré, leur créateur fait passer des messages simples et efficaces, qu’ils soient sociétaux, politiques ou environnementaux. Son étendue se veut non seulement universelle, mais aussi foncièrement humoristique - et toujours originale. Jace en effet met un point d’honneur à imaginer des mises en situation différentes en fonction de l’inspiration du moment ou du contexte. Chaque fresque extérieure ou travail en galerie est unique, ce qui fait sa spécificité. L’oeuvre ici présentée a été réalisée tout spécialement par l’artiste réunionnais dans le cadre de cette exposition. […]
Cope2 (de son vrai nom Fernando Carlo), né en 1968, est considéré comme une légende du graffiti d’origine américano-portoricaine. Il fait ses premières armes dans la rue et le métro, d’abord au marqueur dès 1977, puis à l’aérosol au début des années 80. […] Depuis ses débuts et jusqu’à ce jour, le style de Cope2 se caractérise principalement par les « throw-ups » (style de lettrages en forme de bulle, aux formes rondes et contours marqués) et le « wildstyle » (improvisation directement sur mur). Aussi rapide à exécuter
qu’un tampon, le but de ce type de signature est d’être la plus lisible, multipliable et reconnaissable possible sur les murs et les métros. En 1982, il fonde son propre crew KD (Kids Destroy), rebaptisé Kings Destroy après qu’il soit surnommé « Roi de la ligne 4 ». […] En plus de collaborer avec des artistes urbains nationaux et internationaux sur des fresques - sur son terrain dans le Bronx avec Shepard Fairey (2010) et Retna (2012), C215 à Vitry-sur-Seine (2013), etc. -, il expose son travail en galeries et signe des contrats avec de grandes marques de sport et des éditeurs de jeux video. Il décline ses tags et ses flops à la bombe aérosol et au marqueur sur ses toiles en utilisant diverses techniques (collage de photos ou de plans de métro, articles de journaux, pochoirs, dripping) dans une explosion de couleurs.
Anders Gjennestad est un artiste-peintre autodidacte
originaire de Norvège né en 1980 et résidant à Berlin, qui opère dans la rue sous le pseudonyme de Strøk depuis 2001. Travaillant au pochoir multicouche, il affectionne une palette de couleurs sobre, usant de nuances de gris, noir et blanc. […] Il se distingue avant tout par son style très soigné, le choix de postures inhabituelles de ses personnages et le traitement particulier des ombres portées, le tout pouvant se fondre idéalement dans le ciment des villes. Représentant souvent des hommes et des femmes en sportswear vus d’en haut ou de dos, il dessine avec un réalisme saisissant des équilibristes, des joueurs, des marcheurs ou des voyageurs défiant souvent les lois de la gravité. […] Dans son travail d’atelier, ses oeuvres sont généralement réalisées à la bombe avec des pochoirs découpés à la main sur des objets trouvés. Les motifs sont basés sur ses propres photographies en noir et blanc d’inconnus shootés dans des espaces publics. Le pochoir prend ainsi une autre dimension lorsqu’il s’inscrit dans un panneau de signalisation triangulaire comme ici.
Jacques Villeglé est un artiste français, né en 1926 à Quimper.
[…] Avec son complice Raymond Hains rencontré lors de ses études à Rennes, il se met à récolter des affiches lacérées dans la rue. Ils développent ensemble des projets artistiques autour de cette technique (films, marouflage sur toile, etc.). […] En 1954, Villeglé et Hains rencontrent François Dufrêne qui va les mettre en relation avec Yves Klein, Jean Tinguely et Pierre Restany. Ils participent en commun à la première Biennale de Paris, puis en 1960 fondent le groupe des Nouveaux Réalistes qui s’étoffera ensuite avec entre autres César, Niki de Saint Phalle et Gérard Deschamps. Si Villeglé se nourrit d’images tout au long de sa carrière, il s’intéresse également à la typographie, à la poésie et au graphisme. Procédant à un relevé méthodique des traces du passage de l’homme dans son environnement citadin, dès 1969 Villeglé conçoit un « alphabet sociopolitique » (dont un fragment est montré ici) qui le place d’emblée comme un grammairien urbain. […] Depuis sa première exposition en 1957, l’oeuvre de Villeglé a donné lieu à plus de 200 expositions personnelles et de nombreuses manifestations collectives sur les cinq continents. Une rétrospective lui a été consacrée au Centre Pompidou à Paris en 2008.
Jef Aérosol Casablanca, aérosol et pochoir sur palissade en bois, 72x102 cm, 2014, collection JLP, Paris
Jorge Rodriguez-Gerada est né en 1966 à Cuba, il a grandi aux États-Unis et a son atelier en Espagne. Il est le pionnier du détournement culturel (co-fondateur du mouvement Culture Jamming) dans le New York du milieu des années 90. Il s’illustre dans une guérilla anti-pub qui attire d’emblée l’intérêt des médias. […] Rodriguez-Gerada s’installe en 2002 à Barcelone où il débute une série assez différente de son univers des débuts, intitulée Identity. Cette dernière, issue de ses réflexions personnelles sur son enfance d’immigré, consiste à représenter avec un réalisme saisissant des visages d’inconnus, au fusain ou au charbon sur de grandes surfaces, afin de redonner sa place à l’humain dans le paysage urbain saturé d’icônes retouchées. […] Ses oeuvres les plus spectaculaires sont celles de sa série Terrestre où il s’adonne au land art, visibles seulement du ciel et même de l’espace. […] Jorge Rodriguez-Gerada connait une renommée internationale et est invité à intervenir dans le monde entier pour effectuer ses oeuvres monumentales et éphémères. Il expose ses travaux entre autres aux États-Unis, à Paris, à Barcelone et aux Pays-Bas.
Speedy Graphito est le pseudonyme d'Olivier Rizzo, artiste peintre français né en 1961, travaillant et résidant à Paris. Il fait partie des précurseurs de l’art contemporain urbain en France, sa renommée s’étendant à l’international, des États-Unis à la Chine. […] En 1984, il expose pour la première fois en galerie à l’Espace Cardin avec Jérôme Mesnager. En 1985, il participe au premier rassemblement du mouvement graffiti et d’art urbain à Bondy organisé par les VLP aux côtés d’autres street artistes […]. Cette même année, il gagne un concours d’affiches sur le thème « La Ruée vers l’Art », initié par le Ministère de la Culture, ce qui lui assure une visibilité auprès du grand public. Puis il fait sa première FIAC en 1986. Au fil des ans, le « style Graphito » s’impose dans l’espace public, les expositions et les salles de vente où sa cote s’envole. […] Puisant dans l’imagerie de la culture populaire, des marques publicitaires, des jeux vidéo et des bandes dessinées, ses oeuvres sont de véritables cocktails vitaminés qui secouent les consciences. Si les comics Marvel côtoient les personnages de Walt Disney, Bob l’Éponge ou encore les Simpsons, la typographie, les logotypes et les pop-up colorés agissent comme autant de phylactères qui nous parlent de surconsommation, de saturation, de sur-communication… […] Speedy Graphito se pose comme un iconoclaste dont la créativité sans cesse renouvelée est la garante d’un succès qui ne s’est pas démenti depuis ses débuts. […]
Jorge Rodriguez-Gerada Fragment #5, fusain sur texture murale, 55x43 cm, 2013, collection Séraphin Armand
Isaac Cordal, né en 1974, est un artiste Espagnol originaire de Pontevedra en Galice. […] Son travail comprend la sculpture et la photographie en immersion dans l’environnement citadin. Il s’est fait connaître dans la sphère du Street Art grâce à son projet Cement Eclipses (éclipses de béton) consistant en une série de figurines miniatures dissimulées dans les interstices urbains de plusieurs métropoles du monde et photographiées in situ. Ces figurines sont une métaphore de la condition humaine contemporaine dans des
contextes où l’homme se trouve souvent projeté dans des situations anxiogènes. Cordal critique ouvertement le joug de l’oligarchie, les classes dominantes, la politique… […] Les sculptures d’Isaac Cordal mettent souvent en scène le même personnage comme un modèle d’exposition présenté dans un diorama : un stéréotype social d’âge moyen ressemblant à un costard-cravate gris portant un attaché-case. Ce personnage désabusé, sorte de leitmotiv dans l’oeuvre de Cordal, a fait l’objet d’ouvrages d’envergure. […] En travaillant la figure de l’être ordinaire avec les matériaux qui servent à construire les villes, Cordal concrétise son emmurement, à l’instar d’un Kafka dépeignant l’univers oppressant d’une bureaucratie absurde et brutale. […]
présentation de la Galerie Mathgoth
La galerie Mathgoth est spécialisée dans le Street Art.
Fondée en 2010 par Mathilde et Gautier Jourdain, collectionneurs et spécialistes de l’art urbain depuis plus de vingt ans, la galerie est installée au coeur du 13ème arrondissement de Paris. Elle défend le travail d’artistes internationaux de premier ordre et possède un réseau professionnel important. Directrice de la galerie, Mathilde travaille avec trois principaux objectifs : faire découvrir et surprendre, offrir l’accès à l’art, aider et soutenir les artistes émergents. Avec une sélection pointue, elle réalise des événements d’envergure dans un espace urbain et atypique. Gautier assure notamment la direction artistique du festival « Wall Street Art » de Grand Paris Sud et de l’association Le M.U.R. Oberkampf dont il est un des membres fondateurs. Vecteur incontournable du Street Art, la galerie Mathgoth s’oriente aussi vers le commissariat d’expositions et la production artistique. Elle est à l’origine de la réalisation de plusieurs fresques monumentales à travers le pays.
Mad C 12-53-19102017, aquarelle acrylique et peinture aérosol métallisée sur toile, 80x80 cm, 2017, collection de l'artiste
le Musée des beaux-arts de Calais
Le Musée des beaux-arts de Calais présente une vaste collection de peintures, sculptures, aquarelles, dessins et photographies du XVIème au XXIème siècle. Après un important incendie en juin 1940 qui a décimé son fonds généraliste originel, le fonds du Musée des beaux-arts a été principalement reconstitué après-guerre autour de l’art de la sculpture. À partir de la figure centrale d’Auguste Rodin, dépôts et acquisitions ont permis de redonner une cohérence à cette collection meurtrie. Il présente donc aujourd’hui à ses publics une abondante collection de sculptures et d’oeuvres d’art moderne et contemporain, dont la variété fait la richesse.
Au rez-de-chaussée, la salle « Rodin, de Paris à Calais » est consacrée au célèbre sculpteur et à ses études pour le Monument des Bourgeois de Calais. Le parcours se poursuit sous le titre « Calais d’ici et d’ailleurs » avec des oeuvres d’artistes de grande renommée (Louis-Antoine Barye, Antoine Bourdelle, Anthony Caro, Germaine Richier) dont une partie est originaire du territoire (Louis Francia, Henri Lhotellier, Jean Roulland).
À l’étage, à travers l’évocation des contes de l’écrivain anglais Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir, le visiteur découvre des oeuvres contemporaines associées ou confrontées à des peintures et sculptures plus anciennes.
Après plusieurs décennies durant lesquelles le musée s’est illustré par une ambitieuse politique d’expositions au service de l’art contemporain, le musée se dirige vers un positionnement nouveau et lié aux projets culturels de son territoire. Ville de bord de mer, de transits et de tourisme populaire, Calais offre une politique de culture et de divertissement particulièrement fournie : une scène nationale rassembleuse (le Channel), une programmation de saison estivale festive, un festival de blues reconnu (« Beautiful Swamp Blues Festival » chaque mois d’avril), un musée de mode offrant des expositions-événement (la Cité de la dentelle et de la mode). Le Musée des beaux-arts s’inscrit dans ce paysage comme le lieu des découvertes culturelles tous publics, orienté vers de multiples formes d’art, faisant de la visite une balade curieuse.
Chaque année, le musée organise une exposition temporaire d’envergure dédiée aux publics curieux de toutes les formes d’art. Elle est accompagnée de spectacles, d’événements, de visites, d’ateliers pour publics en herbe ou connaisseurs. Après une exposition dédiée aux arts du spectacle et de la rue en 2016 (Extraordinaires machines, avec la Compagnie La Machine - François Delarozière), puis Le Baiser : de Rodin à nos jours en 2017 (exposition d’art moderne et contemporain, oeuvres plastiques et cinématographiques) et Jane & Serge, album de famille par Andrew Birkin en 2018, le Musée des beaux-arts de Calais continue d’explorer différents champs artistiques.
Parallèlement à ses choix d’expositions, le musée engage des actions pour enrichir l’accueil des visiteurs d’offres festives, culturelles et conviviales : un renouvellement des salles d’exposition permanente est donc prévu dans les années qui viennent pour articuler la compréhension de son patrimoine culturel et de son territoire aux plaisirs de la curiosité et de l’observation artistique. Plus de confort d’accueil, d’outils de création et de lieux de débats, petits accrochages divers viendront avant cela inciter à une approche décontractée de la visite de musée.
Auguste
Musée des beaux-arts
25 rue Richelieu - 62100 Calais
tél : + 33 (0)3 21 46 48 40
musee@mairie-calais.fr
calais.fr
mbacalais Appli mbacalais téléchargeable gratuitement
horaires d’ouverture
Le musée est ouvert du mardi au dimanche de 13h à 18h (17h de novembre à mars).
Visites possibles pour les groupes dès 9h.
Fermé le lundi et les jours fériés.
accès Autoroute A 26 ou A 16, sortie n°43, direction “centre-ville” ou “sous-préfecture”.
Gare sncf Calais-Ville (5 mn à pied). Gare sncf Calais Frethun puis navette sncf jusqu’à la gare de Calais-Ville.
Parking gratuit dans les rues adjacentes.
tarifs Billet (collections permanentes et exposition temporaire) : 4 €, tarif réduit : 3 €
Tarif réduit appliqué aux visiteurs handicapés, en recherche d’emploi, aux plus de 65 ans, aux - de 18 ans et aux étudiants. Pass Musée des beaux-arts + Cité dentelle 7 € la semaine ou 22 € l’année (tarifs réduits 5 € et 16 €) Gratuit pour les - de 5 ans, les établissements scolaires et les centres de loisirs de Calais ainsi que les premiers dimanches du mois.
Le musée bénéficie des labels Tourisme et handicap et Qualité Tourisme.