L’Étrusque Michelangelo Pistoletto (1933–), 1976 Miroir et bronze, 194 x 90 x 80 cm (plastique), 220 x 280 cm (miroir) © Collection Cittadellarte Fondazione Pistoletto, Bielle. Photo : J.E.S.
MIROIRS - Le miroir, reflets de l’être humain
Du 17 mai au 22 septembre 2019
au Museum Rietberg
Museum_Rietberg_SPIEGEL_4.jpg Femme au miroir Paul Delvaux (1897–1994), 1936 Huile sur toile, 71 x 91,5 cm Musée national Thyssen-Bornemisza, Madrid, Inv. 520 (1972.9) © Succession de Paul Delvaux / 2018, ProLitteris, Zurich
Jour après jour, notre miroir nous permet de vérifier notre aspect et de capter nos états d’âme. Il nous accompagne durant toute notre vie et nous entretenons avec lui une relation intime, parfois même conflictuelle. Mais que savons-nous de lui, de son histoire, de son utilisation, et que raconte le miroir sur nous-même ?
Jeunes femmes profitant des bains Guler / Inde, vers 1800 Peinture pigmentaire © Collection Ludwig Habighorst ; image reproduite avec l’aimable autorisation de Francesca Galloway, Londres
Autoportrait Florence Henri (1893–1982), 1928 Tirage sur papier gélatino-argentique, 39,3 x 25,5 cm Musée Sprengel, Hanovre © Galleria Martini & Ronchetti
L’histoire du miroir s’étend sur plusieurs millénaires. Cette histoire a pris place en Egypte ancienne, chez les Mayas du Mexique, au Japon ou en Italie (notamment à Venise). C’est aussi un objet d’inspiration pour les artistes et les cinéastes de toutes périodes. Des miroirs ont été fabriqués sous toutes les civilisations et se sont vus attribuer des significations et des pouvoirs particuliers.
La Geisha Tomimoto Toyohina (tiré de la série «Collection de visages de belles personnes») Chōbunsai Eishi Japon, époque d’Edo, 1792–1795 Impression sur bois, 38 x 25,5 cm, Inv. RJP 2913 © Musée Rietberg, Zurich, cadeau de Julius Mueller
Autoportrait au Leica Ilse Bing (1899–1998), 1931 Tirage gélatino-argentique, 19,5 x 21,5 cm © Collection Thomas Walther
À travers 220 oeuvres d’art provenant de 95 musées et collections du monde entier, le musée Rietberg met en lumière la vie mouvementée du miroir : son évolution artisanale et technologique, sa portée culturelle et sociale. Dans cette exposition, il est question du miroir en tant qu’artefact, mais aussi de connaissance de soi, d’orgueil et de sagesse, de beauté, de mystique et de magie. Et aussi du miroir de notre époque – le « selfie »…
Miroir à boîtier représentant deux femmes à leur toilette autour d’une vasque (loutérion) sur le bord de laquelle est posé un oiseau Grèce, troisième quart du IVe siècle avant J.-C. Bronze. Diamètre : 14,2 cm Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, Musée du Louvre, Paris, Inv. Br 1713 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Photo : Hervé Lewandowski
Bona, Charlottesville, 2015 Zanele Muholi (1972–), 2015 Photographie NB, 90 x 60,6 cm Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie STEVENSON au Cap (Afrique du Sud)
L’exposition débute par le mythe antique de Narcisse. L’histoire de ce jeune homme qui tombe amoureux de son reflet dans l’eau, mais qui, prenant conscience que cet amour est vain, finit par mourir de désespoir, a enflammé l’imagination des créateurs pendant des siècles. À partir de la Renaissance, l’analyse de son propre visage dans le miroir et la transposition artistique de ce reflet dans un autoportrait deviendra un genre artistique à part entière dans toute l’Europe. Plus tard, la photographie et le cinéma élargiront les possibilités d’auto-représentation qui, depuis l’avènement du « selfie » est permanente.
Nkisi, Mbula Congo central, fin XIXe siècle Bois, matière végétale, verre, verre plat, tissus et autres matériaux, H 32 cm Collection du musée d’histoire naturelle de Stralsund, Inv. Maf 32138 © GRASSI musée d’ethnographie de Leipzig, Collections nationales de Dresde
Des images, des gravures et des photographies réalisées en Inde et au Japon, ainsi que des oeuvres de la peinture européenne du XVIe et du XVIIe siècle illustrent le thème de la beauté et de la séduction. Toutes représentent des femmes à la toilette, se maquillant, se parant, se baignant, attendant leur bien-aimé tout en se regardant dans le miroir.
Vanité Frank Cadogan Cowper R.A. (1877–1958), 1907 Huile sur toile, 75,1 x 38,1 cm Royal Academy of Arts, Londres, Inv. 03/1013 © Royal Academy of Arts, Londres. Photo : John Hammond
Le miroir peut aussi être obscur et mystérieux. Dans de nombreux genres cinématographiques, les metteurs en scène ont recours à des miroirs pour annoncer l’avenir ou dévoiler le passé; parfois, la mort rôde derrière le miroir, il rend visible l’invisible. L’art du surréalisme, de Salvador Dali à Paul Delvaux, utilise le miroir pour suggérer des phénomènes insondables, incompréhensibles ou secrets. L’exposition présente aussi un incroyable costume de chaman, le plus vieil exemple au monde, provenant de Sibérie auquel sont suspendus des miroirs en laiton. Le parcours se termine avec l’histoire d’Alice traversant le miroir, illustrée par une oeuvre majeure de Michelangelo Pistoletto.
Narcisse John Gibson RA (1790–1866), 1838 Marbre, 108 x 71 x 48 cm Royal Academy of Arts, Inv. 03/1918 © Royal Academy of Arts, Londres. Photo : Paul Highnam
Le jeune prince Salim, futur empereur moghol Jahangir Bichitr (peintre), empire moghol Vers 1630 Aquarelles et or sur papier, 25 x 38,8 cm Collection Asie du Sud et du Sud-Est, Inv. IM.28-1925 © Victoria and Albert Museum, Londres
Des extraits de certaines des scènes les plus célèbres de l’histoire du cinéma où le miroir joue un rôle seront présentés lors d’une vaste projection : l’entrée dans le monde des Enfers, tirée du film Orphée de Jean Cocteau, le final grandiose de La Dame de Shanghai d’Orson Welles, la scène du peep-show de Paris Texas de Wim Wenders ou quelques autres tirées de In the Mood for Love; de Wong Kar-Wai.
Sur l’esplanade du musée, les visiteurs découvriront un parc des miroirs – un pavillon fait de verre et de miroirs pour explorer le thème des phénomènes optiques et acoustiques et servir de décors aux selfies et photos de groupe.
Des lentilles miroitantes d’Adolf Luther flotteront sur l’étang de la Villa Wesendonck et une oeuvre de Silvie Fleury intitulée Eternity Now sera exposée sur la pelouse : un rétroviseur de voiture surdimensionné dans lequel le parc et la villa se reflètent.
Tokyo Rumando Orphée, 2014 Série de 5 tirages NB, 40,6 x 50,8 cm chacun Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie IBASHO