Ensor, Magritte, Alechinsky... Chefs-d’oeuvre du Musée d'Ixelles
L'exposition invite à un cheminement sensible sur les sentiers de l'art Belge à travers une sélection de chefs-d’oeuvre des collections du Musée d'Ixelles (Bruxelles). Exposition réalisée en collaboration avec le Musée d’Ixelles, Bruxelles
panorama
L’exposition événement du Musée de Lodève en 2019 offre un éclairage sur les principaux courants développés en Belgique de la fin-de-siècle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Elle illustre la densité, la richesse et la singularité de cette épopée artistique. Oscillant entre des influences internationales et des caractéristiques spécifiquement locales, entre un profond attachement à l'égard du réel et une propension féconde à l'imaginaire, l'art belge se révèle tel une ode à la modernité, la liberté et au non-conformisme.
Le parcours de l'exposition
Le parcours propose un panorama de l’art belge, depuis sa fondation dans la première moitié du XIXe siècle.
Les 90 oeuvres exposées sont présentées dans 10 sections :
- paysagisme et pré-impressionnisme,
- impressionnismes,
- symbolisme,
- art social,
- fauvisme,
- expressionnismes,
- surréalisme,
- abstraction de la Jeune Peinture à CoBrA,
- abstraction construite et lyrique.
James Ensor, René Magritte, Paul Delvaux, Pierre Alechinsky... sont autant d'artistes belges parmi les plus connus du grand public illustrant la richesse, la variété et la fécondité de l'art belge, depuis la création du pays en 1830 jusqu'à l'aventure CoBrA au lendemain de la seconde Guerre Mondiale. Cependant, au-delà de ces individualités remarquables, rares sont les manifestations dédiées à l'art belge.
entre influences extérieures et spécificités nationales
Les relations de la Belgique avec les principaux foyers artistiques étrangers - et principalement la France - sont incontournables dans l'approche de l'art belge. Le statut de plaque tournante, dotée d'une capacité d'ouverture et d'accueil aux tendances nouvelles, affichant un dynamisme et un soutien constant à l'égard de l'audace créative, a été démontré. Fort de ces qualités, l'art belge a naturellement équilibré les apports extérieurs avec l'entretien de spécificités locales traditionnelles.
Les fondations de l'art belge
Les développements de l'art de la première moitié du XIXe siècle constituent les fondations de l'histoire de l'art belge. En effet, ils contribuent non seulement à la construction du pays, mais aussi à l'établissement d'une identité artistique propre qui se consolidera tout au long de la seconde moitié du siècle et même encore durant le siècle suivant. Parallèlement, le jeune pays se dote des structures utiles à l'organisation de la vie artistique. Sur le modèle français, un salon officiel des Beaux-Arts est organisé par roulement à Gand, Anvers et Bruxelles, les Académies des Beaux-Arts se développent dans de nombreuses communes du pays, des musées sont créés et des associations artistiques dynamisant la vie culturelle émergent. On peut considérer qu'un art belge existe dès les premières heures du pays, même si l'influence des grandes nations voisines, notamment la France, restera un point d'appui important
durant tout le siècle.
Les collections du musée d’ixelles
L'opportunité de présenter un aperçu de l'évolution artistique en Belgique nous est donnée aujourd'hui à travers un choix d’oeuvres de la collection du Musée d'Ixelles, fermé jusqu'en 2023 pour mener à bien un chantier d'extension et de restructuration. L'art belge du XIXe siècle occupe une place importante dans les collections du Musée d'Ixelles. Fondé en 1892 à partir de la collection d'un artiste contemporain - le peintre animalier Edmond de Praetere (1826-1888), le Musée d'Ixelles a immédiatement suscité l'intérêt des artistes, des collectionneurs et des intellectuels de l'époque qui n'hésitèrent pas à participer au développement du jeune musée par des dons ou des legs en oeuvres d'art. Cette bienveillance spontanée permet alors de faire entrer dans les collections des oeuvres d'artistes de l'époque devenues aujourd'hui, pour nombre d'entre elles, des références de l'art belge. Au gré du temps, de nombreuses acquisitions viennent compléter ce noyau. Les développements artistiques de la seconde moitié du siècle sont particulièrement présents dans les collections (réalisme, impressionnisme, néo-impressionnisme, symbolisme). Le musée conserve également une riche collection représentative des principales évolutions de l'art belge du XXe siècle. George Morren, Femme épinglant son chapeau, 1901. Pastel sur papier
La vague paysagiste
Dès 1850, les artistes du groupe français de l'école de Barbizon, exposent régulièrement aux cimaises des salons triennaux belges, stimulant ainsi le renouveau du paysage en Belgique. La nature devient l'atelier des peintres, les pinceaux se libèrent en touches larges ainsi que la matière qui se déploie désormais sans complexe. Par leur prédilection pour les compositions aux effets dramatiques, obtenus grâce aux jeux de contrastes lumineux, les artistes transposent leurs émotions suscitées par l'observation du réel. Dans le sillage du peintre Hippolyte Boulenger (1837-1874), les peintres Théodore Baron (1840-1899), Joseph Coosemans (1828-1904), Alphonse Asselbergs (1839-1916), Louis Artan (1837-1890) ou encore Charles Degroux (1825-1870) se rassemblent pour fonder dès 1868, la Société Libre des Beaux-Arts qui se voue au développement de l'art réaliste. Il s'agit alors du premier groupement porteur de préceptes modernistes, en
marge du système officiel, un art libéré quant aux techniques picturales et aux choix des sujets, aspirant à devenir concret, au plus près du réel. Les représentants de ce nouvel art libre portent ainsi le réalisme à son apogée en 1868, tandis que Courbet (1819- 1877) présente, cette même année, douze de ses toiles au Salon officiel de Gand. Moins intellectuel qu'émotionnel, l'art du paysage en Belgique présente une richesse picturale porteuse d'un renouveau artistique général. Enthousiasmés par ce souffle de liberté, nombre d'artistes se rallieront au mouvement. C'est dans le sillage du paysage que l'impressionnisme et le néo-impressionnisme émergent autour des années 1880 en Belgique et, de façon générale, la modernité de la fin de siècle se déploie avec faste.
Impressionnismes
La voie du modernisme s'incarne dans la création du Cercle des XX, actif de 1883 à 1893, puis celle de La Libre Esthétique, de 1893 à 1914. Cesgroupes rassemblent les artistes de l'avant-garde belge et étrangère ayant à coeur l'ancrage de l'art dans la voie de la modernité. Pour honorer leurs objectifs, diverses activités sont déployées : conférences, concerts, lectures et, surtout, une exposition annuelle qui devient le rendez-vous incontournable de l'avant-garde artistique et du public avide de modernité. Grâce à ces deux groupes, Bruxelles devient un centre important de l'avant-garde européenne à la fin du XIXe siècle, aux côtés de Paris. Cette situation exceptionnelle de foisonnement artistique repose, pour une large part, sur le dynamisme et les multiples initiatives d'Octave Maus (1856-1919), avocat épris d'art contemporain, chef-d'orchestre infatigable des deux groupes tout au long de leur existence. Dans les années 1880-1890, l'impressionnisme et le néo-impressionnisme sont les deux courants les plus représentés aux XX et à La Libre Esthétique. Comme pour le réalisme, l'impulsion est d'abord donnée par le modèle français. La scène belge s'intéresse aux expériences françaises dès 1885. Grâce à ses contacts privilégiés avec le célèbre marchand parisien Durand-Ruel (1831-1922), Octave Maus parvient à faire circuler en Belgique, pour ses expositions ou pour des collectionneurs, d'importantes oeuvres impressionnistes françaises. Ainsi, les cimaises des XX et de La Libre Esthétique présenteront des oeuvres de Monet en 1886 et 1889, Renoir en 1886 et 1890, Berthe Morisot en 1887, Camille Pissarro en 1889 ou encore Sisley en 1890 et 1891. Cette déferlante impressionniste oriente naturellement la jeune génération d'artistes belges dans cette voie. Parmi les oeuvres majeures de l'impressionnisme conservées au Musée d'Ixelles, figure La Levée des nasses d'Emile Claus (1849-1924).
Néo-impressionnisme
En 1886, Georges Seurat (1859-1891) fait scandale à Paris avec l’exposition de son Dimanche après-midi sur l'île de la Grande Jatte (Art Institute of Chicago). Intrigué, Octave Maus s'y rend et subjugué par la toile, invite l'artiste à présenter l’oeuvre au public belge. Celle-ci est exposée à Bruxelles dès 1887 aux côtés de Pissarro et Signac. Ainsi, après les bouleversements esthétiques de l'impressionnisme, le néo-impressionnisme opère un nouveau tournant dans les développements de l'art de la fin de siècle. De 1887 jusqu'au milieu des années 1890, le néo-impressionnisme connaît un important développement en Belgique. Les représentants français du courant exposent à diverses reprises aux cimaises des XX et opèrent une influence immédiate sur les peintres belges Willy Finch (1854-1930), Henry Van de Velde (1863-1957), Théo Van Rysselberghe (1862-1926), Anna Boch (1848-1936) ou encore Georges Lemmen (1865-1916) dans les années 1890.
Focus sur : Jan Toorop, Dame à l'ombrelle, 1888
huile sur toile
On perçoit dans cette oeuvre, un jeu subtil de composition, présentant un juste équilibre entre un avant-plan dynamique dans les jeux des lignes (celles de l'ombrelle répondent à celles du chapeau), la nervosité des motifs (fleurs du chapeau, tissu imprimé du fauteuil, col du corsage) et l'apaisement offert par l'arrière-plan (paysage aquatique figuré par de larges bandes colorées dans un camaïeu de bleus). L’oeuvre témoigne également de l'influence du japonisme ambiant : la figure à l'ombrelle, imposante, domine une composition exempte de la perspective en point de fuite traditionnelle pour préférer une succession de plans dans le rendu de l'espace. Enfin, il s'agit d'un portrait non conventionnel : la femme ne pose pas de face, mais est représentée alanguie, tête baissée, et affiche une subtile expression de mélancolie par son regard fuyant.
Art social
À la fin du XIXe siècle, la Belgique est la deuxième puissance économique européenne, après la Grande-Bretagne. Son développement économique et industriel est fulgurant. Cet essor exceptionnel n'est pas que source de progrès ; il suscite également des conséquences néfastes : l'urbanisation massive engendre des conditions de vie difficiles et le prolétariat ne bénéficie pas des progrès matériels, situation à la source de crises parfois sanglantes à la fin des années 1880. Les artistes s'approprient ces problématiques. Au-delà de la représentation des conditions de travail et de vie difficiles, ils souhaitent attirer l'attention sur la situation de détresse et contribuer à l'amélioration de celle-ci. Constantin Meunier (1831-1905) est sans doute l'un des plus fervents représentants de ce courant social. Eugène Laermans se consacrera aussi principalement à la représentation des humbles, de la pauvreté, des mendiants ou des exilés. Entre naturalisme – tendant à une description objective du sujet – et idéalisation – visant à sublimer esthétiquement les valeurs de l’effort, du travail et de la collectivité, le réalisme social de la fin de siècle peut être considéré comme l’une des expressions les plus symptomatiques de cette époque, et ce, particulièrement en Belgique.
Symbolisme
Un large courant symboliste se développe en Belgique à la fin du XIXe siècle. Privilégiant un repli sur le monde de l’âme et le retour à un paradis perdu, le courant symboliste émerge parallèlement aux expériences réalistes et impressionnistes en s’opposant justement à leur rattachement au réel. Dans cette mouvance, mythes et légendes se voient réhabilités ainsi que les sujets en décalage avec la normalité tels les saltimbanques, les fous ou les androgynes. Une prédilection particulière pour une féminité menaçante se manifeste également. Diabolique ou chimérique, fatale ou vampire chez Félicien Rops, glacée, inaccessible et pétrifiante chez Fernand Khnopff, c’est une femme ensorcelante qui obnubile les symbolistes.
Les symbolistes privilégient un traitement méticuleux et raffiné de leurs sujets, allant même jusqu’à la réhabilitation d’un net classicisme dans les techniques picturales. Une attention particulière est portée aux effets de clairs obscurs, aux saturations lumineuses, aux densités colorées et aux matières veloutées permettant d’assourdir et de dématérialiser les sujets (Léon Spilliaert).
fauvisme
A la suite des expériences impressionnistes et luministes, le début du XXe siècle est marqué, en France comme en Belgique, par un nouvel investissement dans l’exploitation de la couleur. En effet, la découverte des Fauves à Paris en 1905 par Octave Maus, puis l’exposition de Matisse à la Libre Esthétique en 1906 suivi de Derain et Vlaminck l’année suivante, offre une voie d’épanouissement intéressante pour les jeunes artistes belges épris de la couleur aux éclats et aux densités exaltés. Déjà, les recherches radicales de James Ensor – travaillant la couleur dans son intégrité et sa pureté – posaient les fondations d’un affranchissement dans l’usage de la couleur. Dans leur sillage, et celui des Français, Rik Wouters (1882-1916), Willem Paerels (1878-1962), Ferdinand Schirren (1872-1944) ou encore Jos Albert (1886-1981), renforcent ces propensions coloristes entre 1905 et 1914. Les couleurs sont pures, les compositions structurées sobrement, les touches sont lestes et larges. Cependant, les Belges – au contraire de Matisse ou Derain – maintiennent fermement leur attachement au réel et ne dissolvent pas leurs sujets.
Expressionnismes
À l'issue du conflit mondial 1914-1918, le regard et l'implication des artistes se voient profondément bouleversés. Se détachant des divagations littéraires et philosophiques du symbolisme de la fin du XIXe siècle, Constant Permeke (1886-1952), Gustave De Smet (1877-1943) et Frits Van den Berghe (1883-1939) se rassemblent dès la fin du conflit pour former un groupe localisé à Laethem-Saint-Martin visant la réhabilitation d'une vie et d'un art populaires, simples et authentiques. La vie bucolique dans cette campagne gantoise du bord de Lys se trouve alors à la base d'un ressourcement de l'esprit et des pratiques artistiques : "l'expressionnisme flamand" constitue une des réponses et des alternatives à la société marquée par les excès et les dérives. Les sujets se rattachent à la vie rurale, aux figures humaines souvent hiératiques ou aux scènes empreintes de naïveté. Le style se veut globalement sobre, brut et simple ; les compositions sont architecturées, synthétiques et sculpturales, dans l'esprit cubiste ; les tonalités sont terreuses et sourdes, la touche est structurée et ample... C'est essentiellement un sentiment de plénitude et de sérénité qui se dégage de la mouvance expressionniste en Belgique, assurant de la sorte une large accessibilité auprès du public. Ces recherches se manifesteront également avec force dans la partie francophone du pays, notamment au sein du groupe Nervia où Anto Carte occupera une place-clef.
Surréalisme
Pendant que les expressionnistes flamands façonnent un univers artistique en marge des tumultes de la société contemporaine, le mouvement de fuite s'opère également de manière plus drastique au même moment, avec le surréalisme. Il ne s'agit plus d'un retour aux sources d'un monde préindustriel mais d'une évasion introspective au coeur d'un univers sans limites, celui du psychisme et de l’inconscient. Le développement du surréalisme en Belgique est exemplaire. Traditionnellement orientée vers le traitement réaliste du monde, la création belge trouve dans ce courant le lieu d'un profond ressourcement. C'est en effet une poésie nouvelle qui émerge : un décalage flagrant entre le réalisme des objets dépeints et, par leur contextualisation insolite ou leur agencement incongru, l'étrangeté qui s'en dégage. Le surréalisme ouvre ainsi l'art à une liberté nouvelle, dominée par le mystère. Les deux figures maîtresses du surréalisme belge sont René Magritte (1898-1967) et Paul Delvaux (1897-1994). Dès 1926, Magritte développe un art surréaliste et pose nombre des éléments caractéristiques de son oeuvre (bilboquets, quilles, planchers, cheval et cavalier), dont la juxtaposition incongrue fonde déjà son univers particulier.
La découverte de l’oeuvre de De Chirico et de René Magritte oriente Paul Delvaux dans la voie du surréel sans toutefois qu'il se rallie officiellement au courant surréaliste. L'artiste aboutira à son style caractéristique dans le courant des années 1930. Ses compositions mettent en scène des squelettes ou des femmes à la beauté glaciale - regard vide, gestuelle figée - dans des gares ou des décors antiques austères, voire désertiques. Son univers fascine par son mystère et, en dépit d'un silence prégnant, par la forte présence émanant de ses toiles.
Focus sur :
René Magritte, L'Heureux donateur, 1966
huile sur toile
Le titre fait référence à la reconnaissance que porte le peintre envers Jean Coquelet, conservateur du Musée d'Ixelles de 1957 à 1987, pour avoir organisé en 1956 la première rétrospective qui lui a été consacrée. La toile met en scène plusieurs éléments "classiques" de l'artiste : la silhouette de l'homme au chapeau melon est habitée par un paysage nocturne suscitant un jeu de lumière contrasté avec l'intérieur de la maison ; le grelot prend place sur un mur bas au premier plan. À la fois ambiguë et simple de lecture, cette oeuvre est considérée comme l'un des chefs-d’oeuvre des collections du Musée d'Ixelles et de l’oeuvre de René Magritte. © ADAGP Paris 2019
CoBrA
Fondé en novembre 1948, le groupe CoBrA puise son nom de la combinaison de la première syllabe de trois capitales (Copenhague, Bruxelles, Amsterdam) et constitue la synthèse de trois groupes aux recherches similaires : Host au Danemark, Reflex aux Pays-Bas et le Surréalisme révolutionnaire, fondé en 1947 par Dotremont (1922-1977) à Bruxelles. Le groupe, qu'Alechinsky (né en 1927) intègre alors, expose dès 1949 au Palais des Beaux-Arts. Ensemble, ils prônent un retour à la spontanéité de l'art et à un état primitif de l'homme. Cette ambition fait écho au surréalisme et aux aspirations de l'Art Brut qui se développe en France à la même époque avec Jean Dubuffet (1901-1985) ou Chaissac (1910-1964): l'art doit être dépouillé de tout artifice et de toute référence intellectuelle, notamment le langage et l'écriture. Dotremont et Alechinsky, férus de calligraphie, exploitent ce domaine sous la seule orientation esthétique. Leurs oeuvres se présentent comme des jeux graphiques rappelant nettement l'écriture mais sans aucun rapport à une signification. À partir de 1948, Dotremont, avec le peintre danois Asger Jorn (1914-1973), s'adonne à des expériences de "peintures-mots" puis, à partir de 1950, s'intéresse aux relations entre l'écriture orientale et occidentale, recherches débouchant sur l'invention de peintures-écrites ou de l'écriturepeinte qu'il appelle "logogrammes". Dans ces oeuvres, le mot est certes présent mais n'est pas nécessairement lisible. Au-delà de ce rapport particulier aux mots et à l'écriture, les oeuvres du groupe CoBrA présentent une richesse formelle incontestable : lignes, cercles, volutes et couleurs vives se déploient avec générosité. En 1951, le groupe se dissout et l'aventure CoBrA prend fin. Leurs recherches se poursuivent toutefois individuellement et, en grande partie grâce à lui, l'abstraction lyrique s'ancre dans le paysage artistique de la seconde moitié du siècle.
abstraction construite et lyrique
Parallèlement au développement du groupe CoBrA, nait l’abstraction construite.
Jo Delahaut (1911-1992), dans la quête d’une peinture non objectale, sera le premier à aborder la négation de la forme. En 1947, la vérité artistique semblant émaner de Paris, Delahaut se dirige vers la capitale française et participe au Salon des Réalités Nouvelles où il découvre le travail d’Auguste Herbin. Cette rencontre aura pour conséquence une mise à distance du langage post-cubiste qui, jusqu’alors, marquait ses tentatives abstraites. Là où d’autres ressentent le besoin d’exprimer la jouissance de la vie par une kyrielle de couleurs, Delahaut opte pour la réduction de la forme et une mathématique de l’esprit. Il défendra l’abstraction géométrique pendant plusieurs décennies, à l’aide de manifestes, de théories et accompagné de nombreux artistes. Après la dissolution du groupe CoBrA et à la suite de la fermeture de la galerie Apollo, la Belgique se voit dépouillée de propositions culturelles structurées et de lieux d’expositions. Pour ceux qui ne se retrouvaient ni dans l’abstraction géométrique — défendue par Jo Delahaut, Luc Peire (1916-1994) ou Dan van Severen (1927-2009)—, ni dans l’esprit CoBrA, le choix est limité. Toutefois, l’emphase gestuelle de l’abstraction lyrique de l’École de Paris fait résonance auprès d’artistes comme Englebert Van Anderlecht (1918-1961) et Antoine Mortier (1908-1999) mais également auprès de Bram Bogart (1921-2012) qui souhaite libérer son geste à l’aide des pulsations de la couleur.
Autour de l’exposition
visites guidées
À 11h et 15h, du mardi au samedi inclus
Tarif : 3 euros en + des droits d’entrée
Conférence : « Cobra ou l’enfance de l’art, spontanéité et liberté »
Conférence de Anthony Spiegeler, professeur à l'Institut Royal Supérieur d'Histoire de l'art et d'Archéologie de Bruxelles.
Samedi 25 janvier 2020, 18h
Salle Marie-Christine Bousquet, Lodève
Gratuit
Réservation conseillée : 04 67 88 86 10 ou sur www.museedelodeve.fr
Soirée musicale
Récital de piano et chant autour des compositeurs belge et européens de l’époque des oeuvres présentées dans l’exposition.
Samedi 16 novembre 2019, 20h30
Dans les salles du musée
Tarif : 15 €
Réservation conseillée : 04 67 88 86 10 ou sur www.museedelodeve.fr
Catalogue d’exposition
Un catalogue illustré de 192 pages est publié à l’occasion de l’exposition.
Il comporte des contributions de :
- Claire Leblanc, conservatrice du Musée d’Ixelles : sur la période depuis l'impressionnisme jusqu’à 1945
- Anthony Spiegeler, historien de l’art : sur l'abstraction, de 1945 à Cobra.
livret-jeux enfants
Jeux d’observation et petits plus historiques pour découvrir les oeuvres de l’exposition en s’amusant.
Livrets pour les 4-7 ans et les 7-12 ans,
Gratuit sur demande à l’accueil.
Concours : Faux airs / Faussaire ?
Saurez-vous reproduire avec vos propres moyens une des oeuvres de l’exposition ? Envoyez vos créations du 1er septembre 2019 au 2 février 2020.
Élection de la reproduction la plus originale le samedi 8 février 2020.
Jeux gratuit. Règlement sur la page de l’exposition du site.
Informations pratiques
Ensor, Magritte, Alechinsky... chefs-d’oeuvre du Musée d’Ixelles
Exposition du 28 septembre 2019 au 23 février 2020
Musée de Lodève
Square Georges Auric
34700 Lodève
Tél : 04 67 88 86 10
Mail: museelodeve@lodevoisetlarzac.fr
Horaires d'ouverture 10h – 18h
fermé le lundi
Fermé le 1er novembre, 11 novembre,
25 décembre, 1er janvier
Tarifs pendant l’exposition
Plein : 10 €
Réduit : 7 €
Pass famille : 22 €
(1-2 adultes + 2 à 5 enfants -18 ans)
Carte accès libre à l’année :
Plein : 20 €
Réduit : 10 €
Pass famille : 30 €
(1-2 adultes + 2 à 5 enfants -18 ans)
Visites guidées
Visite de l’exposition temporaire
du mardi au samedi à 11h et 15h
Tarif : + 3 €
Réservations : 04 67 88 86 10 et
www.museedelodeve.fr