Les mondes l’art entre passé et présent
Du 22 novembre 2019 au 15 mars 2020

La République démocratique du Congo est aujourd’hui célèbre dans le monde entier pour sa vibrante scène culturelle. Nulle part ailleurs en Afrique la création artistique contemporaine n’est aussi diversifiée et inventive. Par le passé, on y a aussi réalisé des masques, des statues et des objets d’une qualité décorative remarquable qui comptent parmi les icônes de l’art africain.

Pour la première fois dans une exposition consacrée à l’art du Congo, des oeuvres et des photographies historiques sont confrontées à des oeuvres d’art contemporain. Il s'agissait toutefois d'éviter une vision unilatérale, celle des Occidentaux. L'exposition se concentre donc sur des artistes contemporains congolais jouissant d’une grande renommée comme Sammy Baloji, Michèle Magema, Monsengo Shula et Sinzo Aanza.


Design et élégance
Depuis l’époque coloniale, les accessoires de luxe et l’élégance des tenues traditionnelles ont conservé toute leur importance. Cette première section de l’exposition est consacrée à de somptueux objets de la vie courante et des insignes de prestige réalisés en bois, en parles de verre ou en cabris par divers groupes Kuba. Leurs pagnes de danse, particulièrement impressionnants, ont inspiré des artistes comme Paul Klee, Pablo Picasso ou Henri Matisse.


Pouvoir et politique
Le colonialisme et l’évangélisation eurent, au Congo, une influence sur les rapports de force entre politique et religion. Les sociétés secrètes furent interdites, de nouveaux cultes virent le jour et l’art servit de résistance. Cette section de l’exposition se concentre sur le pouvoir et la dimension spirituelle et politique des statuettes et masques des régions de Benalula, Songye et Pende : le travail de l’artiste Hilary Kuyangiko Balu et les récentes méthodes d’imagerie mettent au jour l’importance de la vie intérieure de ces statuettes.

Performance et initiation
Les masques et les costumes des Pende, des Yaka et des Chokwee constituent l’un des temps forts de l’exposition. Ces masques aux couleurs vives étaient, et sont aujourd'hui encore, utilisés lors de la mukanda, une période d’initiation durant laquelle de jeunes garçons se préparent à leur futur rôle d’homme en se pliant à un certain nombre d’épreuves. Leurs danses expriment un idéal esthétique et de virilité particulière, les artistes ont donc pour mot d’ordre d’être le plus créatif possible.

Hans Himmelheber
L’exposition s’ouvre sur une projection multimédia : Arrivée et première rencontre. Celle-ci invite les visiteurs à participer au voyage qu’entreprit l’ethnologue Hans Himmelheber. De mai 1938 à juillet 1939, il parcourut la région du Kasaï et du Kantaga, transporté dans un hamac par ses assistants noirs. La projection permet de comprendre le rôle joué par les Africains dans cette première expédition : on y entend les chants et le dialecte des porteurs dans lesquels les visiteurs pourront s’immerger avec un mélange de curiosité et de malaise.

Tout au long de l’exposition, une installation multimédia aborde un thème particulier : l’acquisition et le commerce d’oeuvres d’art dans le Congo colonial. Les 1 400 photographies et documents écrits d’Hans Himmelheber donnent un aperçu précieux de la fabrication et de l’utilisation des artefacts et oeuvres d’art qu’il acquit pour financer ses expéditions et qu’il revendit, pour beaucoup, à des musées occidentaux. Cette section ouvre un débat sur la restitution des oeuvres d’art africaines, notamment à travers les témoignages des représentants de la scène culturelle et de la diaspora congolaise en Suisse. Dans le cadre d’un programme d’artistes en résidence, Sammy Baloji, célèbre dans le monde entier, ainsi que de jeunes artistes comme Sinzo Aanza, David Shongo et Michèle Magema se sont penchés sur les archives de Hans Himmelheber et ont recréé à partir de ces documents leurs propres visions du Congo.


