C'est une visite hors Visa, mais qui donne envie, je vais passer un peu vite, un lieu a revoir.
La poudrière abrite une exposition consacrée à l'histoire militaire de Perpignan.
Perpignan, disputée entre la France et l’Espagne du 15e au 17e siècle, fut une ville militaire. À votre droite, édifiée sous Vauban, subsiste la seule des nombreuses poudrières destinées à servir l'artillerie de la place-forte. À votre gauche s'élève l'Académie royale militaire, fondée en 1751 afin de former les jeunes nobles de la province aux métiers des armes. Bâtie dans les locaux d'une ancienne fonderie de canons, elle comprenait un manège intérieur et un autre extérieur situé devant le rempart. Supprimée en 1789, transformée en Caserne de l’Académie en 1810 puis Caserne Gallieni en 1921, elle a été rétrocédée à la commune en 1966.
LES PLANS EN RELIEF DU ROI
Les plans-reliefs trouvent leur origine dans les maquettes en bois réalisées au XVI° siècle en Italie par les ingénieurs militaires afin de fournir une vision en trois dimensions rendue nécessaire par les progrès de l'artillerie.
Vauban et le ministre de la guerre Louvois font réaliser pour Louis XIV la série de plans-reliefs des places fortes terrestres et maritimes des frontières du royaume, notamment dans le Nord et les Flandres, dont le premier est celui de Dunkerque en 1668.
Destinée à montrer au roi l'avancement des travaux de renforcement des places et à lui permettre de prendre des décisions stratégiques depuis la capitale, cette collection, au départ confidentielle, était déposée aux Tuileries. Lorsque le programme de fortification de Vauban, la & ceinture de fer » du royaume, fut achevé, les plans-reliefs, présentés dans la galerie du bord de l'eau du Louvre, furent montrés aux étrangers comme témoignage de la puissance de la France.
Napoléon favorise un renouveau de ces outils stratégiques, avec des créations et des modifications plus précises. Les derniers plans-reliefs sont construits ou restaurés au milieu
du XIX siecle.
La centaine de maquettes originales qui ont été préservées a été classée Monument historique en 1927. Elle est conservée au musée des Plans-reliefs de Paris, à l'hôtel des Invalides, ainsi qu'au palais des Beaux-Arts de Lille.
FABRICATION D'UN PLAN-RELIEF
À partir des années 1680, l'échelle d'un pied pour cent toises (environ échelle 1/600°) a été adoptée pour la plupart des plans-reliefs. Les ingénieurs géographes et topographes faisaient des relèves, reportes sur un plan à l'échelle qui servait de patron au travail de menuiserie. Les maquettes étaient réalisées sur place par des menuisiers modeleurs sous la direction même des ingénieurs en charge des travaux de fortification, afin de pouvoir adapter la représentation à la réalité du terrain.
Afin de garder légèreté au plan-relief, celui-ci est forme de tables en bois (8 pour le plan de Perpignan) découpées afin que les artistes puissent facilement accéder au centre du plateau. Le relief était fait d'un assemblage de lames de bois et le modelé du terrain avec du carton mâché.
La décoration se compose de sable fin pour le sol, de soie teintée et broyée pour les champs, de fils de laiton recouverts de chenilles de soie pour les arbres, et de peinture à l'huile pour les plans d'eau. Les édifices étaient taillés en bois puis recouverts de papiers gravés ou peints imitant les matériaux.
LE PLAN-RELIEF DE PERPIGNAN
Le plan-relief exposé ici est une copie, réalisée en 1980 selon des techniques similaires et restaurée en 1994 et 2015, de l'original conservé au musée des Plans-reliefs de Paris.
On sait que plusieurs plans-reliefs de Perpignan ont été fabriques, présentant différents états et projets d'aménagement de la place forte. Celui qui nous est parvenu montre un état achevé des travaux de renforcement des fortifications mais il paraît moins sophistiqué que la représentation des alentours, datant du début du XVIII° siècle : il pourrait donc s'agir de la version de 1686 réalisée par Jacques Laurens, ingénieur des plans-reliefs des places du Roussillon. Il avait été précédé de « deux plus anciens qui ne valent rien», selon Vauban. Un quatrième pourrait avoir été confectionné en 1701.
On sait que le plan a été remis à jour en 1757 pour les parties représentant la campagne. Même le plan original conservé aux Invalides, qui avait subi des inondations, a été rénové dans les années 1980, en restituant certains détails à partir des autres documents historiques.
Cependant, tel qu'il se présente, Il est une source d'information exceptionnelle et parfois le seul témoignage iconographique subsistant de la ville de l'Ancien Régime, de ses fortifications et de la mutation de ses paysages.