J'ai profité des journées du patrimoine pour visiter la belle église d'Estagel. Dans cet article j'ai écrit les informations qui se trouve dans l'église. Et j'ai fait aussi trois autres articles.
Les outils de l'église d'Estagel
Le bénitier de l'église d'Estagel
Et j'ai même eu le droit d'écouter l'orgue .
L'église d'Estagel est d'origine très ancienne. Les citations suivantes puisées dans la "MARCA HISPANICA" nous le prouvent
En 805 confirmation à l'abbaye cistercienne de Lagrasse (Aude) de la ville et de l'église Saint Vincent d'Estagel comme leur appartenant.
En 951 bulle du Pape AGAPIT II portant confirmation identique de la ville et de l'église d'Estagel
En 1119 bulle identique sur les mêmes biens ville et église par le pape GELASE.
Donc d'après ces citations l'église d'Estagel a le beau et rare titre de noblesse de monument ancien puisqu'en 805 elle existait déjà.
En 1689 Il y avait à Estagel une communauté de 7 prêtres chargés du service paroissial et qui avaient émis , pour le besoin du culte et de l'entretien, des "pallofes", ou des plombs (monnaie de cette époque) à l'effigie de Saint Etienne et Saint Vincent.
Surement sous l'impulsion de cette communauté qui était prospère et plus riche que les 18 autres communautés à cette date en Roussillon et en Vallespir et les 3 du Conflent, la primitive église devenue toute petite, fut agrandie comme nous la voyons aujourd'hui
En 1591 il y avait un maitre autel un retable en bois sculpté doré représentant en 8 tableaux diverses scènes de la vie de Saint Etienne et de Saint Vincent
Le retable était l'oeuvre de Joseph Brel de Perpignan . Le marché qu'il passa pour ce travail avec les Consuls de l'église d'Estagel le 16 juillet 1583 est conservé dans les archives des Pyrénées Orientales .
Hélas , ce beau retable a disparu , voici plus d'une centaine d'années et fut remplacé maladroitement par un autre en terre cuite des magasins de Saint Sulpice à Paris . La chaire en bois sculpté disparut aussi .
Le retable de la chapelle Notre Dame du Rosaire .
Le retable du Rosaire est un vrai trésor du début du XVIIIème Siècle d'après l'érudit Mr Durliat et on pourrait l'attribuer à un sculpteur travaillant à cette époque à Perpignan .
Au sommet du retable dans un médaillon rond est représenté le PERE ETERNEL portant dans sa main gauche un globe figurant le monde et bénissant de sa main droite .
Après ce médaillon , voici des statues sculptées en ronde bosse trapues et vigoureuses placées dans les niches , qui semblent s'animer comme emportées vers une frénésie baroque .
Au premier plan au centre en descendant Saint Dominique ; à ses pieds et à sa gauche un ange qui tient un chapeau : c'est le "CHAPEL" d'où est venue la dénomination du chapelet . De part et d'autre deux saintes dominicaines , Sainte Rose de Lima et Sainte Catherine de Sienne .
En bas au second plan , au centre Notre-Dame du Rosaire trônant sous un baldaquin royal à colonnettes finement ciselées et dorées . Souriante , escortée par deux angelots chanteurs elle porte son divin fils sur son bras gauche . De sa main droite elle tient un gros chapelet .
A sa droite , c'est le bienheureux Alain de la Roche , dominicain . Dans sa main gauche tendue vers la Vierge , il soutient une église . Par son geste l'allusion est évidente au secours apporté à l'église au temps du schisme d'Occident de 1378 à 1429 par l'élan nouveau de piété que provoqua la relance du Rosaire par ce Bienheureux .
A sa gauche c'est Saint Vincent FERRIER qui porte un livre de sa main gauche et brandit une plume dans sa main droite tendue vers la Vierge du Rosaire : c'est l'insigne des docteurs . A ses pieds on remarque un chien avec un flambeau dans sa gueule .
A la partie inférieure du retable , trois petits tableaux retracent des scènes de l'enfance de JESUS : l'adoration des mages , l'adoration des bergers , la fuite en Egypte . Tous trois entourés d'angelots chanteurs .
Par ces trois tableaux le sculpteur sans nul doute a voulu représenter les Mystères de la Vierge Marie : mystère joyeux , l'adoration des bergers ; mystère glorieux , l'adoration des Mages ; mystère douloureux , la fuite en Egypte .
Sur l'autel , les deux degrés sont formés par deux superbes frises sculptées d'angelots jouant avec des colombes .
En bas , de chaque côté de l'autel deux médaillons peints dans un enchassement de bois sculpté d'une jolie facture . Sur le mur à droite , le petit médaillon représente l'Assomption de Morillo ; sur le mur à gauche , une apparition du Sacré Coeur .
Sur ce splendide retable du Rosaire que nous venons de décrire dans son ensemble , on devine l'effort couronné de succès du talentueux artiste (hélas inconnu !) pour exprimer sa dévotion mariale . La richesse et la somptuosité de "l'histoire imagée" du Rosaire qu'est ce retable en font : LE PRECIEUX TRESOR DE L'EGLISE D'ESTAGEL .