

Tout à côté s'élevait , sous le vocable de St Pierre , une église au moins aussi ancienne , mais dont l'existence n'est prouvée qu'au Xème siècle . Cette église dépendait de l'abbaye bénédictine de Castres , dont la fondation date de 814 .
A la fin du XIème siècle, la "villa" appartient aux Trencavel vicomte d'Albi , Carcassonne et Béziers , les plus puissants vassaux des comtes de Toulouse . Il s'agit , à cette date de Bernard-Aton IV et de son épouse , Cécile de Provence . Lorsqu'ils venaient en Albigeois eux , et par la suite , leurs successeurs aimaient séjourner dans la villa de Burlats , qu'ils ont , dans le courant du siècle , transformée en château . De ce château , il reste sa plus belle parure , le "pavillon d'Adélaïde" .C'est manifestement Bernard-Aton et Cécile qui , dans un esprit de prestige autant que de piété , ont voulu , en accord avec l'Abbaye de Castres , créer , dans ce lieu isolé qui leur était cher , un grand prieuré et y construire une église qui , à l'époque , serait , après celle de St Salvy d'Albi , la plus importante de l'Albigeois .

L'église comportait un large transept , nettement saillant , dont seul subsiste le bras nord , devenu salle du Conseil Municipal . Au-dessus de la croisée du transept se dressait - ce qui n'est pas le cas à Quarante - le clocher , auquel on accédait par un escalier en colimaçon dont le départ est visible à l'extérieur , côté sud .De la nef , il ne reste que les murs latéraux . Elle comportait des bas côtés dont on ne peut plus se rendre compte pour la raison que , au nord , leur emplacement est occupé par le secrétariat de la Mairie et que côté sud , les piliers de la nef ont disparu .
Au-delà du transept , la nef aboutit à une abside en cul-de-four qui est intacte . De part et d'autre de cette abside , deux absidioles : celle du nord est occupée par le bureau du maire , celle du sud a été complètement transformée par des travaux ultérieurs .
Date de la construction et modifications successives : Les travaux ont commencé par l'abside au début du XIIème siècle , avec ses bandes lombardes , le chevet est en effet caractéristique du "premier art roman" . D'après l'analyse de style des chapiteaux à laquelle ont procédé Marcel Durliat , J.L Biget et Jean Cabanot , le portail occidental peut être daté d'environ 1120 et le portail nord de la deuxième décennie du siècle . L'ensemble de l'édifice était probablement terminé vers 1140 .
Très tôt , à la fin du siècle ou au début du XIIIème siècle - peut-être des risques d'effondrement de la voûte - on décida de refaire celle-ci et , à cette occasion , de la surélever . Pour assurer la solidité de cette surélévation , on construisit au-dessus des bas-côtés des tribunes qui firent fonction de soutiens continus , solution commune dans les églises d'Auvergne .

Au XIVème siècle , la première travée fut reconstruite avec des voûtes gothiques . Cette voûte , comme dans le reste de la nef s'est écroulée , mais il reste de cette transformation les hautes baies et la rosace de la façade ouest .
Au XVème siècle , on divisa l'extrémité du bras nord du transept en deux étages . L'étage inférieur a été recouvert d'une voûte sur croisée d'ogives . Cette transformation avait pour objet la création d'une chapelle . Elle entraîna la fermeture du portail du transept .
Au XVIIème siècle fut construit au-dessus de ce portail nord un fronton lourd et disgracieux .

A l'extérieur on notera , au portail de la façade , un personnage assis dont les mains sont maintenues levées par deux compagnons . C'est un sujet qu'on retrouve à Toulouse , à la porte des comtes à St Sernin .
Au portail latéral on remarquera le chapiteau où est traité le thème du mauvais riche et du pauvre Lazare , dont deux chiens sous la table lèchent les plaies . Le style s'apparente à certains chapiteaux du cloître de Moissac .

En 1318 , le prieuré bénédictin devient chapitre de chanoines dont la vie fut sans histoire (ou à peu près) jusqu'à une certaine nuit d'octobre 1573 où Burlats fut pris d'assaut par les protestants . Les chanoines se dispersèrent , s'installèrent finalement à Lautrec et la collégiale resta à l'abandon .
Le bras du transept a été restauré en 1659 et cette partie du bâtiment a servi d'église paroissiale jusqu'en 1845 .